(Kyiv) L’Ukraine soupçonne la Russie de l’empoisonnement de l’épouse du chef du renseignement militaire ukrainien (GUR), Kyrylo Boudanov, a indiqué à l’AFP un porte-parole de cette structure, Andriï Ioussov.

« C’est l’hypothèse principale », a-t-il dit, assurant qu’il s’agissait d’un empoisonnement délibéré aux métaux lourds, « notamment, mercure et arsenic », et non d’un accident.

Selon M. Ioussov, c’est bien Marianna Boudanova et non son mari, qui « était la cible ». « Il est tout simplement impossible d’atteindre directement le commandant (Boudanov) de cette manière », a estimé le porte-parole.

Mme Boudanova, qui conseille le maire de Kyiv Vitali Klitschko, a été hospitalisée « il y a plus d’une semaine », a ajouté M. Ioussov. Il est en revanche impossible pour l’instant d’établir la date exacte de l’empoisonnement, car « l’attentat a peut-être été prolongé dans le temps », a fait valoir le porte-parole.

Il a confirmé les informations de presse selon lesquelles les traces de métaux lourds avaient été par ailleurs découvertes chez « plusieurs » collaborateurs du renseignement militaire, sans donner d’autres détails.

La Russie n’a pour l’heure pas réagi à ces accusations.

Plus tôt dans la journée, une source au sein du renseignement avait confirmé à l’AFP que Mme Boudanova souffrait d’une intoxication aux métaux lourds et recevait un traitement.

Des analyses ont révélé qu’elle avait dans son organisme des traces de métaux lourds qui « ne sont pas utilisés dans la vie courante ou dans les affaires militaires ».

« Leur présence peut indiquer une tentative délibérée d’empoisonnement », selon une source au sein du renseignement citée par le site d’information Babel.

Plus de dix tentatives

« De toute vraisemblance », le poison a été délivré « avec la nourriture », a ajouté une source au sein des forces de l’ordre citée par le site Ukraïnska Pravda.

« Elle se sentait mal, donc des analyses (médicales) ont été faites et celles-ci ont montré un empoisonnement », a-t-elle assuré, affirmant que Mme Boudanova se sentait mieux et avait fini « la première étape du traitement ».

Kyrylo Boudanov, 37 ans, a acquis une aura presque légendaire depuis le début de l’invasion en occupant ce poste clé.

Il dirige le département du renseignement militaire au sein du ministère de la Défense depuis 2020, et cette structure est considérée comme responsable de plusieurs attaques contre la Russie depuis le début de l’invasion russe en février 2022.

Les autorités russes l’accusent notamment d’avoir organisé en octobre 2022 l’attaque qui a partiellement détruit le pont reliant la Crimée, péninsule ukrainienne annexée par Moscou, à la Russie.

Kyrylo Boudanov a indiqué en août que son épouse vivait avec lui « dans son bureau de travail » et ne le quittait jamais pour des raisons de sécurité depuis le début de l’invasion.

« Nous sommes toujours ensemble, 24 heures sur 24 et sept jours sur sept », expliquait Marianna Boudanova dans une interview à l’édition ukrainienne du magazine Elle, publiée en octobre 2022.

Elle précisait avoir appris à « contrôler ses émotions » bien avant l’invasion, quand son mari partait pour de longues missions dans l’est de l’Ukraine, région où des séparatistes prorusses soutenus par Moscou ont pris les armes contre Kyiv dès 2014.

Deux mois plus tôt, le porte-parole du service de renseignement Andriï Ioussov a affirmé que M. Boudanov avait été visé par « plus de dix » tentatives d’attentat.

Des bombes avaient notamment été placées dans sa voiture en 2019, une opération qui aurait été orchestrée par les services russes de sécurité (FSB), selon le procureur général ukrainien.

La Russie a été accusée à maintes reprises d’empoisonner des adversaires du Kremlin ou des transfuges, à l’intérieur comme à l’extérieur de ses frontières, même si elle a toujours nié ces faits.

En 2018, l’empoisonnement très médiatisé de l’ancien agent double Sergueï Skripal en Angleterre avait envoyé une onde de choc dans la communauté internationale.

En Ukraine, l’ancien président pro-occidental Viktor Iouchtchenko avait affirmé que Moscou était derrière un empoisonnement à la dioxine qui l’avait visé durant sa campagne en 2004.

Deux femmes et une fillette tuées par des frappes russes

Deux femmes et une fillette de sept ans ont été tuées mardi dans un bombardement de la ville de la région de Soumy, située à la frontière avec la Russie dans le nord-est de l’Ukraine, a indiqué le parquet régional.  

PHOTO TIRÉE DE X, @ZMIST_UA

Les corps des deux femmes et deux hommes blessés ont été sortis des décombres de maisons frappées dans la ville de Seredyna-Bouda, a précisé le parquet sur sa page Facebook.

Les corps des deux femmes et deux hommes blessés ont été sortis des décombres de maisons frappées dans la ville de Seredyna-Bouda, a précisé le parquet sur sa page Facebook.

La fillette et son beau-père se trouvaient dans leur voiture au moment de la frappe et ont été tous les deux blessés, a ajouté le parquet. « Plus tard, la fillette a succombé à ses blessures à l’hôpital », selon la même source.

Le bombardement a été effectué autour de 12 h 30 locales (5 h 30 heure de l’Est) à l’aide d’un système de lance-roquette multiple, selon des données préliminaires, a indiqué le parquet.  

« Au moins cinq maisons ont été détruites », a-t-il poursuivi, publiant des photos de bâtiments à des murs ou toits ruinés.  

L’Ukraine accuse la Russie de bombarder régulièrement ses localités frontalières depuis le lancement par Moscou en février 2022 de l’invasion de son voisin dont de vastes territoires de l’est et du sud sont occupés par les troupes de Moscou.