(Dessau) Des milliers de personnes ont manifesté dimanche à Berlin en solidarité avec Israël et contre l’antisémitisme suite aux attaques sanglantes du Hamas, alors que le chancelier allemand a promis de lutter contre la recrudescence des actes anti-juifs dans le pays.

Selon une porte-parole de la police berlinoise, la manifestation a réuni « environ 10 000 personnes », tandis que les organisateurs ont parlé « d’au moins 25 000 » participants près de la porte de Brandebourg.  

Parmi la foule, Carsten Remmers, 41 ans, est venu avec sa fille de quatre ans.  

Il est en ce moment « extrêmement important de dire que nous sommes aux côtés d’Israël », dit à l’AFP ce gérant du secteur musical, « surtout nous en tant qu’Allemands qui avons une responsabilité particulière ».

Susanne Liebegott, une enseignante de 60 ans, dit être surtout venue « pour refuser l’antisémitisme […] qui gagne du terrain y compris en Allemagne » et « m’inquiète beaucoup ».

Au début de la manifestation, le chef de l’État allemand a jugé « insupportable que des Juifs puissent vivre à nouveau dans la peur aujourd’hui, tout particulièrement dans notre pays », compte tenu du nazisme et de l’holocauste.

« Chaque attaque contre les Juifs est une honte pour l’Allemagne », a lancé à la foule Frank-Walter Steinmeier.

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Le président Frank-Walter Steinmeier a pris la parole lors de la manifestation à Berlin, le 22 octobre.

L’Allemagne a connu une vague d’incidents anti-juifs depuis les attaques menées par le Hamas et la campagne de bombardements de représailles d’Israël.  

Des maisons habitées par des Juifs ont été marquées de l’étoile de David à Berlin et des assaillants ont lancé la semaine dernière deux cocktails Molotov sur une synagogue de la capitale.

Selon l’Association fédérale des centres de recherche et d’information sur l’antisémitisme (RIAS), entre le 7 et le 15 octobre quelque 202 « incidents » antisémites ont été recensés, contre seulement 59 au cours de la même semaine en 2022.  

« Tolérance zéro »

« Il doit y avoir une tolérance zéro à l’égard de l’antisémitisme en Allemagne », a déclaré dimanche le chancelier Olaf Scholz lors de l’inauguration d’une synagogue à Dessau, dans l’est de l’Allemagne.

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Des policiers assurent la sécurité lors de l’inauguration d’une synagogue à Dessau, le 22 octobre.

L’Allemagne « défendra et protégera » les vies des Juifs, a-t-il affirmé, exprimant son choc face à la propagation de l’antisémitisme « dans le monde entier et, honteusement, aussi ici en Allemagne ».

L’ouverture de la synagogue de Dessau survient 85 ans après la destruction d’une synagogue de la ville lors du pogrom anti-juif plus connu sous le nom de « Nuit de Cristal », le 9 novembre 1938, largement considéré comme le début de la campagne du Troisième Reich visant à éliminer les Juifs.

Le nouveau bâtiment a été baptisé Synagogue Weill en l’honneur du compositeur germano-américain Kurt Weill, dont le père était chantre dans la communauté juive de Dessau.

Dessau est située à 50 kilomètres de Halle, où un homme armé a tué deux personnes après avoir échoué à prendre d’assaut une synagogue lors de la fête religieuse de Yom Kippour en octobre 2019.

L’Allemagne compte la troisième plus grande communauté juive d’Europe, selon le ministère de l’Intérieur. Le gouvernement l’estime à environ 200 000 personnes, dont environ 100 000 pratiquants. Le pays compte une centaine de synagogues encore actives.  

En parallèle, de nombreuses manifestations pro-palestiniennes se sont tenues depuis 15 jours, y compris parfois en dépit d’interdictions des autorités, donnant lieu à des centaines d’interpellations.

Plus de 100 policiers ont été blessés dans des heurts, par des jets de pierre, de bouteilles ou de produits pyrotechniques.

Un début de rassemblement a été dispersé par la police dimanche à Berlin, ville qui compte la plus grande diaspora palestinienne d’Europe, avec un nombre estimé à entre 35 000 à 45 000 personnes.

Support israélien à Londres

Lors d’une manifestation à laquelle ont participé des milliers de personnes à Trafalgar Square à Londres, des participants ont brandi des affiches portant des images d’otages et de disparus. Ils scandaient « ramenez-les à la maison », se taisant tandis que les noms des otages étaient lus.

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Manifestation à Londres, le 22 octobre

Les orateurs du Parti conservateur au pouvoir au Royaume-Uni et du Parti travailliste se sont adressés à la foule. Le secrétaire aux Communautés, Michael Gove, a déclaré que l’attaque du Hamas était un acte de « mal et de barbarie sans précédent. »

« Nous devons être unis contre cela. Nous devons défendre la vie. Nous devons ramener les otages chez eux », a-t-il déclaré.

Manifestation à Genève pour réclamer la libération des otages du Hamas

« Relâchez les nôtres, relâchez les nôtres… ! » Ils étaient quelques centaines dimanche à réclamer la libération des plus de 200 otages israéliens pris par le Hamas, sur la place des Nations Unies à Genève, devant le siège européen de l’ONU.

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Manifestation à Genève, le 22 octobre

Cette manifestation a été organisée par « The Voice for Freedom Coalition », regroupant plusieurs centaines de comités d’organisations chrétiennes sionistes.

Cela donnait un ton résolument religieux à ce rassemblement, où les slogans le cédaient aux prières.

La manifestation est le point d’orgue du déplacement à Genève de plusieurs familles d’otages qui sont venues rencontrer cette semaine la présidente du Comité international de la Croix-Rouge, Mirjana Spoljaric Egger, et le Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’Homme, Volker Türk.

De nombreux manifestants brandissaient des drapeaux israéliens ou s’en étaient ceint les épaules et portaient des pancartes avec les photos d’otages.

Plus de 1400 personnes ont été tuées sur le territoire israélien par les hommes du Hamas depuis le 7 octobre, en majorité des civils fauchés par balles, brûlés vifs ou morts de mutilations au premier jour de l’attaque des combattants du mouvement islamiste palestinien menée à partir de Gaza, selon les autorités israéliennes.

Depuis l’attaque du Hamas le 7 octobre, les manifestations se sont succédé en Suisse, en soutien à Israël et, plus nombreuses, en soutien au peuple palestinien.

Zurich a été le théâtre d’une grande manifestation de soutien à Israël organisée par la communauté israélite de la ville, trois jours après les attaques sur Israël, rassemblant plusieurs centaines de personnes.

Jeudi, c’est Lausanne qui a connu la plus grande manifestation réclamant l’arrêt des bombardements israéliens sur la bande de Gaza, rassemblant 4500 à 5000 personnes. Un nombre à peu près équivalent s’est rassemblé samedi à Genève.

Pour éviter tout débordement, Zurich a interdit pour plusieurs jours tout rassemblement ayant trait aux évènements au Proche-Orient, tandis que Bâle, au nord-ouest du pays, a décidé d’interdire tout rassemblement ce week-end.

Avec Associated Press