(Rome) Emmanuel Macron et Giorgia Meloni se sont longuement entretenus mardi à Rome du dossier migratoire et de la solidarité européenne vis-à-vis de la péninsule, porte d’entrée du Vieux Continent pour des milliers d’exilés.

Le président français, qui avait reçu la cheffe du gouvernement italien en juin à Paris, a effectué un court déplacement dans la capitale italienne pour participer aux obsèques de l’ancien président Giorgio Napolitano.

À cette occasion, ils ont fait savoir qu’ils prendraient le temps de se parler. À l’issue des funérailles auxquelles assistait également le président allemand Frank-Walter Steinmeier, ils sont arrivés ensemble à pied en début d’après-midi au Palazzo Chigi, siège de la présidence du Conseil.

Ils ont échangé en tête-à-tête, sans délégations, pendant une heure environ, sans faire de déclarations à l’issue de l’entrevue.

Cet entretien, « long et cordial », a permis d’aborder « les principales questions internationales, avec une attention particulière à la gestion du phénomène migratoire et aux priorités économiques européennes », ont indiqué les services de Mme Meloni dans un communiqué.

Les deux dirigeants « ont poursuivi leurs échanges sur la nécessité de trouver une solution européenne à la question migratoire », a indiqué de son côté l’Élysée.

Ils se reverront vendredi à Malte à l’occasion du dixième sommet des pays du sud de l’Union européenne avant une réunion informelle du Conseil européen le 4 octobre à Grenade (Espagne).

Critiques contre Berlin

Emmanuel Macron et Giorgia Meloni ont récemment multiplié les déclarations d’apaisement et de volonté d’agir de concert pour gérer les flux de migrants après l’arrivée en quelques jours mi-septembre de milliers de personnes sur la petite île italienne de Lampedusa, située à 150 km des côtes tunisiennes en Méditerranée.

« On ne peut pas laisser les Italiens seuls », a estimé Emmanuel Macron dimanche soir à la télévision. Une main tendue que Mme Meloni a immédiatement dit « accueillir avec beaucoup d’intérêt ».

Le nombre des arrivants en Italie sur des bateaux en provenance d’Afrique du Nord a augmenté, avec plus de 133 000 migrants enregistrés jusqu’à présent cette année, contre près de 70 000 sur la même période en 2022.

Les chiffres n’ont toutefois pas encore dépassé ceux de 2016, lorsque plus de 181 000 personnes, dont beaucoup de Syriens qui fuyaient la guerre, étaient parvenues en Italie.

Les relations entre Paris et Rome s’étaient crispées en novembre 2022, lorsque l’Italie avait refusé d’accueillir le navire humanitaire Ocean Viking et les 230 migrants à son bord, poussant Paris à le laisser accoster à Toulon, tout en dénonçant le comportement « inacceptable » de Rome.

Giorgia Meloni, à la tête du parti post-fasciste Fratelli d’Italia, reproche aux autres États européens de ne pas prendre leur part dans l’accueil des migrants, alors que l’Italie est en première ligne.

À l’invitation de la dirigeante italienne, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen s’est rendue à Lampedusa et a présenté un plan d’aide d’urgence en dix points consistant à renforcer les contrôles en mer, à lutter contre les passeurs et à accélérer les procédures d’examen des demandes d’asile.

De nouvelles frictions sont en revanche apparues entre l’Italie et l’Allemagne.

Rome reproche à Berlin d’avoir temporairement cessé d’accepter des migrants vivant en Italie – après que Rome elle-même a suspendu les règles européennes régissant la répartition des migrants. L’Italie l’accuse aussi de financer des organisations aidant les migrants irréguliers à entrer sur son territoire.