(Varsovie) La Pologne, qui avait annoncé arrêter de fournir des armes à l’Ukraine, a affirmé jeudi qu’elle honorerait les livraisons « convenues antérieurement » et s’est dite « prête à discuter » avec Kyiv de son embargo sur les céréales.

« La Pologne réalise uniquement les livraisons de munitions et d’armements convenues antérieurement. Y compris celles résultant des contrats signés avec l’Ukraine », a déclaré le porte-parole du gouvernement Piotr Müller à l’agence PAP.

Depuis l’invasion russe en février 2022, la Pologne est l’un des principaux fournisseurs d’armes de Kyiv. « La Pologne continue d’être une plaque tournante pour l’aide internationale » à l’Ukraine, a assuré M. Müller.

Mercredi soir, le premier ministre polonais Mateusz Morawiecki avait toutefois déclaré que son pays ne fournissait plus d’armement à Kyiv.

Le premier ministre n’avait pas précisé quand la Pologne avait cessé d’en livrer ou si cela avait un lien avec le conflit sur les céréales ukrainiennes, sur lesquelles Varsovie vient de prolonger l’embargo pour protéger les intérêts de ses agriculteurs.

En riposte à l’embargo, Kyiv a porté plainte à l’Organisation mondiale du commerce (OMC) contre la Pologne, mais aussi contre la Slovaquie et la Hongrie, qui ont elles aussi maintenu leurs restrictions, pourtant levées par Bruxelles.

Mercredi, Varsovie avait convoqué « d’urgence » l’ambassadeur ukrainien pour protester contre les propos du président Volodymyr Zelensky à l’ONU qui avait, la veille, fustigé « certains pays (qui) feignent la solidarité (avec l’Ukraine, NDLR) en soutenant indirectement la Russie ».

Jeudi, Kyiv et Varsovie ont joué l’apaisement à la faveur d’un entretien entre les ministres de l’Agriculture des deux pays.  

Côté Kyiv, le ministère a assuré que des discussions avec la Pologne auront lieu « dans les prochains jours » et que les deux voisins gardaient « des relations étroites » malgré les vives tensions.

« Nous sommes toujours prêts à discuter », a de son côté déclaré le ministre polonais de l’Agriculture Robert Telus, ajoutant toutefois que « l’intérêt de l’agriculteur polonais (était) le plus important pour nous » et appelant Kyiv à abandonner la procédure à l’OMC.

Également visée par la plainte ukrainienne, la Slovaquie a mené des discussions avec Kyiv qui ont débouché jeudi sur un accord autour d’un mécanisme de licences qui remplacera l’embargo d’ici à la fin de l’année.  

« Jusqu’à ce que ce système soit lancé et que sa pleine fonctionnalité soit testée, l’interdiction d’importer quatre produits d’Ukraine […] reste valable jusqu’à la fin de l’année 2023 », a déclaré jeudi à l’AFP le porte-parole du ministre slovaque de l’Agriculture Andrej Wallner.