(Nations unies) Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a directement interpellé la Russie lors d’une session exceptionnelle mercredi du Conseil de sécurité de l’ONU, dénonçant l’« agression criminelle » de Moscou et « le blocage » de l’instance onusienne en raison du droit de veto russe.

« La plupart des pays du monde reconnaissent la vérité sur cette guerre », a déclaré M. Zelensky, qui faisait face à l’ambassadeur russe à l’ONU, Vassili Nebenzia.

« Il s’agit d’une agression criminelle et injustifiée de la Russie contre notre nation, qui vise à s’emparer du territoire et des ressources de l’Ukraine », a-t-il affirmé.

M. Zelensky, habillé de son habituel treillis vert kaki, a appelé l’ONU à retirer à la Russie son droit de veto au Conseil de sécurité, lié à son siège de membre permanent hérité de l’ex-URSS victorieuse de la Seconde Guerre mondiale.

« Le droit de veto aux mains de l’agresseur bloque l’ONU », a-t-il dit, jugeant « impossible d’arrêter cette guerre car tous les efforts font face au veto de l’agresseur ou de ceux qui le soutiennent ».

C’est la première fois depuis le début de l’invasion russe de son pays, le 24 février 2022, que le président Zelensky s’exprimait en personne devant le Conseil de sécurité de l’ONU.

La réunion de mercredi, soigneusement chorégraphiée, se déroulait au plus haut niveau avec les interventions successives de nombreux dirigeants du monde entier, dont le Japonais Fumio Kishida, le Canadien Justin Trudeau ou l’Allemand Olaf Scholz.

« Arrêtez la guerre »

Signe d’une ambiance tendue, l’ambassadeur russe s’est plaint que le président ukrainien soit autorisé à parler avant les autres membres du Conseil, dénonçant une instance « transformée en one-man show » et en « spectacle ».

Ce à quoi le premier ministre albanais Edi Rama, qui assure la présidence du Conseil, a répliqué : « Arrêtez la guerre et le président Zelensky ne prendra plus la parole ».

Le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres s’est inquiété d’un conflit en violation de la charte de l’ONU et qui « aggrave les crises géopolitiques et les divisions » dans le monde, tandis que le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken, de retour d’un récent déplacement en Ukraine, a accusé la Russie de commettre « des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité en Ukraine presque au quotidien ».

« Outil légitime »

Côté russe, le ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, qui est entré dans la salle du Conseil au moment où s’exprimait M. Blinken, a défendu « l’outil légitime » qu’est le veto russe.

« Le recours au veto est un outil absolument légitime stipulé dans la Charte des Nations unies avec l’objectif d’empêcher que des décisions conduisent à l’éclatement » de l’ONU, a défendu le ministre russe qui n’a pas assisté au discours du président Zelensky.

Alors que la guerre en Ukraine s’enlise, le président ukrainien a poursuivi mercredi son offensive diplomatique à New York et s’est notamment entretenu avec son homologue brésilien Luiz Inacio Lula da Silva.

Ce dernier a évoqué sur son compte X (anciennement Twitter) « une bonne conversation sur les moyens de construire la paix et de toujours maintenir le dialogue ouvert entre nos pays ».

La veille, à la tribune de l’ONU, Lula avait plaidé le fait qu’« aucune solution ne sera durable si elle n’est pas basée sur le dialogue ». Le Brésil s’est refusé à fournir des armes à Kyiv ou à imposer des sanctions contre la Russie de Vladimir Poutine.

Après New York, M. Zelensky doit se rendre à Washington jeudi pour y être reçu par le président américain Joe Biden, qui mène la coalition en soutien de Kyiv.

S’exprimant mardi à l’ONU, ce dernier avait fustigé la Russie qui « croit que le monde va se lasser et la laisser brutaliser l’Ukraine sans conséquence ».

Volodymyr Zelensky s’était lui-même efforcé mardi à la tribune de l’ONU de rallier à sa cause des pays du Sud parfois sceptiques.

Ses propos sur certains pays qui « feignent la solidarité » avec l’Ukraine ont eux provoqué la colère de la Pologne qui a convoqué l’ambassadeur ukrainien.

Après un an et demi de guerre aux impacts en cascade sur le monde, notamment sur la sécurité alimentaire, certains pays du Sud plaident de plus en plus ouvertement pour une solution diplomatique.

« Nous voulons tous que la tuerie cesse, aujourd’hui plutôt que demain », a déclaré le chancelier allemand Olaf Scholz. Mais la paix « signifie le respect de l’intégrité territoriale et de l’indépendance politique de l’Ukraine ».