(Kyiv) Le nouveau ministre ukrainien de la Défense, Roustem Oumerov, a juré mercredi de tout faire pour libérer « chaque centimètre » de l’Ukraine occupé par la Russie, peu après le vote du Parlement le confirmant à ses nouvelles fonctions.

« Je ferai tout le possible et l’impossible pour la victoire de l’Ukraine, quand nous aurons libéré chaque centimètre de notre pays et chacun des nôtres », a-t-il dit sur sa page Facebook.  

« Notre plan, c’est la victoire sans nuances ni discussion », a-t-il encore martelé, au moment où l’Ukraine est engagée dans une difficile contre-offensive dans le sud et l’est occupé du pays, où selon le ministre, « la population nous attend ».

Le parlement ukrainien a approuvé mercredi à une forte majorité la nomination de ce Tatar de Crimée de 41 ans au poste de ministre de la Défense.

Au total, 338 des 360 députés présents (sur 450) ont approuvé la candidature de M. Oumerov proposée par le président Volodymyr Zelensky, ont indiqué les élus Iaroslav Jelezniak et Iryna Guerachtchenko sur Telegram pendant la séance de l’assemblée, qui se tient à huis clos du fait de la guerre.

M. Oumerov, qui dirigeait jusqu’ici le Fonds des biens d’État chargé des privatisations et dont une tache clé sera désormais d’obtenir davantage d’armes pour son armée est une figure éminente de la communauté des Tatars de Crimée, une population musulmane turcophone de la péninsule ukrainienne annexée par la Russie en 2014.

Ce musulman pratiquant a la réputation d’être un fin négociateur, discret et pragmatique.  

Outre l’ukrainien, le russe et l’anglais, le nouveau ministre qui, adolescent, a étudié aux États-Unis, est un des rares hauts responsables ukrainiens à parler couramment turc et à entretenir depuis des années de bons contacts dans le monde musulman, notamment au sein des gouvernements turc et saoudien.

Il a participé à plusieurs reprises aux négociations sensibles avec les Russes notamment s’agissant d’échanges de prisonniers de guerre.  

« C’est le plus haut poste d’État jamais occupé par un Tatar » de Crimée, a commenté auprès de l’AFP un conseiller du chef de l’administration présidentielle ukrainienne, Serguiï Lechtchenko.  

C’est « un beau geste politique. Cela veut dire que rien ne pourra être pardonné à la Russie et qu’il ne peut y avoir aucun compromis sur la Crimée », ajoute M. Lechtchenko alors que depuis l’invasion russe de l’Ukraine en 2022, certains en Occident souhaitaient pousser Kyiv à abandonner ce territoire à Moscou pour aboutir à un accord de paix.

Le précédent ministre de la Défense, Oleksiï Reznikov, 57 ans, restera un des visages de la résistance ukrainienne à l’invasion russe lancée en février 2022. Mais il a dû quitter son poste après plusieurs scandales de corruption au sein de son ministère.

Selon des médias, la présidence ukrainienne tentait depuis des mois de lui trouver un remplaçant, mais plusieurs candidats potentiels ont refusé.  

« Il n’y avait pas de file d’attente » pour ce travail « très difficile », a déclaré à l’AFP une source parlementaire haut placée proche de la présidence.  

La candidature de M. Oumerov a en outre été saluée par des militants anticorruption ukrainiens, dont l’opinion compte pour les soutiens occidentaux de Kyiv.