(Wintzenheim) Onze morts et deux étages qui partent en fumée : le gîte de vacances de Wintzenheim, dans l’est de la France, qui accueillait des personnes handicapées, n’était ni déclaré en mairie ni conforme aux normes de sécurité.

Le bâtiment éventré par l’incendie était une ancienne grange de 500 m2, avec deux étages et des combles, qui avait été rénové il y a quelques années.

« Le gîte qui a brûlé n’a fait l’objet d’aucune autorisation pour l’activité (que la propriétaire, NDLR) y a exercé, il n’avait pas fait non plus l’objet d’autorisations de travaux pour pouvoir accueillir des personnes handicapées », a déclaré jeudi le maire adjoint de la petite ville, Daniel Leroy.

De son côté, Nathalie Kielwasser, vice-procureure de Colmar, a souligné que la structure n’avait pas reçu la visite de la commission de sécurité.

« Si vous voulez conduire une voiture, il faut un permis, si vous voulez héberger du monde, il faut le passage de cette commission », a-t-elle indiqué à l’AFP.  

Cette commission « donne des préconisations sur la capacité d’accueil, etc. On va vous imposer un certain nombre de règles de sécurité ».

Identification ADN

Ainsi, la maison disposait bien de détecteurs de fumée, mais pas du type prévu pour des structures accueillant du public.

La propriétaire du gîte, qui a alerté les pompiers mercredi à l’aube, est en état de choc et n’a pas été placée en garde à vue.  

« Une enquête permettra de faire toute la lumière », a promis la première ministre française Élisabeth Borne, venue sur place mercredi après-midi.

Mercredi, Mme Kielwasser avait indiqué que « l’origine serait vraisemblablement pour le moment un feu qui a couvé », sans pouvoir « à ce stade » déterminer les causes de ce sinistre, le plus meurtrier en France depuis l’incendie d’un bar à Rouen en 2016, qui avait fait 14 morts.

Jeudi matin, le calme était revenu autour du bâtiment éventré. Un laboratoire mobile pour l’identification des victimes a été déployé. Il permet des analyses rapides d’ADN, avec des résultats obtenus en l’espace de deux à trois jours.

Mercredi, les pompiers ont dû lutter contre un « embrasement généralisé ». Arrivés en moins d’un quart d’heure, vers 6 h 45, ils n’ont rien pu faire pour venir en aide aux vacanciers installés pour la nuit dans les étages du bâtiment.

« Sauté par la fenêtre »

Au total, 28 personnes se trouvaient dans le bâtiment, dont 17 ont pu sortir à temps, selon la préfecture du Haut-Rhin, département où se trouve Wintzenheim. Les 13 pensionnaires logés au rez-de-chaussée ont été rapatriés chez eux indemnes.

En revanche, 11 personnes, dont 10 adultes souffrant de handicaps mentaux légers, ont péri parmi les résidents logés dans les étages. Plusieurs d’entre elles dormaient dans une mezzanine qui s’est effondrée.

« Le gîte avait le droit d’accueillir 28 personnes », a indiqué Mme Kielwasser à BFMTV, alors que la question d’une jauge peut-être trop élevée avait été soulevée mercredi.

« Un drame inqualifiable », a déclaré la ministre chargée des Personnes handicapées, Fadila Khattabi, venue à Nancy jeudi au siège de l’AEIM (Adultes enfants inadaptés mentaux), une association qui prend en charge des personnes présentant un handicap intellectuel et dont cinq de ses membres s’étaient inscrits de manière individuelle à ce séjour. Seule une jeune femme de 25 ans a survécu.

Cette rescapée a été « réveillée » par l’incendie et a réussi à sauter du premier étage et a été rattrapée par « un résident du rez-de-chaussée qui était déjà sorti », a expliqué Denis Renaud, président de l’AEIM.

Elle était « excessivement choquée, en pleurs pendant une partie de la journée » de mercredi, a-t-il confié, mais « elle a récupéré ensuite » et a « fait preuve d’énormément de résilience ».