(Washington) Les États-Unis et le Canada ont annoncé mercredi de nouvelles sanctions contre la Biélorussie, trois ans après les importantes manifestations contestant la réélection du président Alexandre Loukachenko, dont le gouvernement a qualifié de « fausses accusations » des critiques venant de l’UE.

Après la présidentielle du 9 août 2020, un vaste mouvement de protestation avait poussé des centaines de milliers de Bélarusses dans les rues pour dénoncer un scrutin considéré comme falsifié et une réélection jugée frauduleuse de M. Loukachenko, au pouvoir depuis 1994.

Les manifestations avaient été dispersées par la force et des centaines de personnes ont été emprisonnées et des dizaines de milliers poussées à l’exil.

Les États-Unis, qui ont déjà imposé des sanctions contre la Biélorussie, ont déclaré prendre de nouvelles mesures, en visant notamment la compagnie aérienne Belavia et un magnat du tabac de l’entourage de Loukachenko.

PHOTO ALEXEY DANICHEV, AGENCE FRANCE-PRESSE

Le président de la Biélorussie Alexandre Loukachenko

En plus des sanctions du Département américain du Trésor contre huit individus et cinq entités, le département d’État a indiqué mercredi qu’il imposait des interdictions de visa à 101 responsables biélorusses.

« Les États-Unis continuent de se tenir aux côtés du courageux peuple biélorusse qui souhaite vivre dans un pays où règnent les règles de droit, le respect des droits de la personne et un gouvernement démocratiquement élu », a déclaré le secrétaire d’État américain Antony Blinken dans un communiqué.

À Ottawa, la ministre des Affaires étrangères a pour sa part annoncé que le Canada, qui qualifie l’élection de 2020 de « frauduleuse », imposait des sanctions contre neuf personnes et sept entités « en réponse aux violations graves et systématiques des droits de la personne ».

« Les auteurs de violations des droits de la personne ne doivent avoir aucun droit à l’impunité », a déclaré Mélanie Joly dans un communiqué, ajoutant que « le soutien apporté » par la Biélorussie « aux actes éhontés des dirigeants russes ne demeurera pas impuni ».

Elle a souligné que l’Union européenne, la Grande-Bretagne et la Nouvelle-Zélande prévoyaient des actions parallèles.

Allié de Moscou, la Biélorussie a permis à la Russie d’utiliser son territoire pour son offensive en Ukraine déclenchée en 2022, aggravant les tensions avec les pays occidentaux.

« Malgré les sanctions illégales, la fermeture de l’espace aérien et le blocage des frontières, la pression dans le domaine de l’information et les provocations de certains membres de l’UE, la Biélorussie a pu conserver et renforcer son statut d’État », a estimé mercredi le ministère biélorusse des Affaires étrangères dans un communiqué.

Il a dénoncé des jugements « fondés sur de fausses accusations éculées » qui « ne pourront pas influer sur la voie » choisie par Minsk et accusé l’UE de mener une « politique agressive », réclamant la reconnaissance de la victoire de M. Loukachenko à l’élection de 2020.

Plus tôt, le chef de la diplomatie de l’UE Josep Borrell s’était insurgé contre la manière dont les manifestations de 2020 avaient été « réprimées avec une extrême brutalité par le régime de (Alexandre) Loukachenko ».

M. Borrell avait également accusé la Biélorussie d’être devenu une « menace pour la sécurité régionale et internationale » et le « complice » de la Russie pour son offensive en Ukraine.