(Vilnius) Mêlant humour, dérision et sérieux, un groupe d’internautes défendant l’Ukraine sur les réseaux sociaux et s’identifiant comme NAFO a organisé son propre sommet dans une discothèque de Vilnius, deux jours avant le sommet des dirigeants de l’OTAN.

Forte de dizaines de milliers d’internautes qui font des dons au profit de l’Ukraine, la North Atlantic Fella Organisation – pour Organisation des gars de l’Atlantique du Nord, en abrégé NAFO – a le chic pour utiliser des mèmes contre la propagande russe, avec un art consommé du sarcasme et de la moquerie.

Les fondateurs de NAFO utilisent le célèbre mème Doge, mettant en vedette un chien Shiba Inu, pour créer des avatars personnalisés pour les donateurs, leur permettant de s’identifier en tant que membres de NAFO.

« Nous avons récolté entre 15 et 20 millions de dollars », affirme, sans pouvoir dire précisément combien, Paul Peterson, un des fondateurs de NAFO et chauffeur routier américain, .

Sur Twitter, où le compte de NAFO est suivi par plus de 108 000 abonnés, et sur d’autres plateformes de réseaux sociaux, la communauté manie l’humour pour contrer les récits russes.

Humour et armes

Samedi, plus de 100 personnes ont assisté au sommet de NAFO en discothèque.

Kirsty Harris, une employé du système de la santé publique britannique NHS de 47 ans, a obtenu son avatar Doge en juillet.

Elle est devenue plus active sur Twitter après l’invasion de l’Ukraine par la Russie l’année dernière.

« J’ai été bannie (sur Twitter, NDLR) par l’ambassade russe à Londres pour les avoir qualifiés d’instigateurs de génocide tous les jours pendant environ deux mois », confie-t-elle à l’AFP.

Mme Harris a adopté par la suite une approche plus humoristique, en déclarant : « Si vous les faites passer pour stupides, cela tend à les faire reculer un peu. »

Mark Adam Harold, un militant britannique qui vit en Lituanie et a organisé le « sommet », estime que « l’humour et les armes » sont les seuls moyens de contrer « l’absurdité » de la Russie.

« La propagande qu’ils diffusent est tellement folle que si vous essayez d’en discuter, il n’y a aucun moyen de l’arrêter », a déclaré M. Harold à l’AFP.

« S’ils répandent cette absurdité absurde, alors la seule façon d’y répondre est d’être également absurde », a-t-il ajouté, « Ce n’est pas une blague ».

Dans un tweet récent, on voit une photo du ministre des Affaires étrangères russe Sergeï Lavrov avec une réplique imaginaire concernant les bombes à sous-munitions que les États-Unis vont livrer à Kyiv : « Mais comment l’Ukraine ose-t-elle utiliser contre nos soldats les armes que nous utilisons contre ses civils ? ».

L’initiatve des NAFO n’est pas passée inaperçue dans la classe politique ukrainienne et des pays membres de l’OTAN.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a remis à NAFO une plaque spéciale en reconnaissance de leurs efforts, et un tweet du ministre de la Défense de l’Ukraine, Oleksiy Reznikov, soutenant la communauté, a contribué à lui donner de l’élan l’année dernière.

Le ministre des Affaires étrangères lituanien, Gabrielius Landsbergis, a lui-même assisté au « sommet » de NAFO et s’est adressé aux participants.

« Vous êtes drôles, mais vous n’êtes pas une blague », a-t-il lancé à l’assistance. « Votre communauté est un exemple de la créativité et de l’ingéniosité des personnes libres de s’associer et de s’exprimer dans une démocratie, et c’est la force de notre système », a-t-il ajouté.

La première ministre estonienne Kaja Kallas, également admirée par la communauté de NAFO, a déclaré que contrer la désinformation russe « requiert un bon sens de l’humour, de l’intelligence et de l’enthousiasme ».

« Derrière chaque gars se trouve une personne réelle, vous offrez bénévolement votre temps et votre énergie parce que vous croyez en la victoire de l’Ukraine », a-t-elle déclaré aux participants dans un message pré-enregistré.

« Continuez à mener le bon combat, car l’expansion de NAFO est non négociable », a-t-elle encouragé.