(Londres) Le gouvernement indépendantiste écossais souhaite dépénaliser la possession de drogue utilisée pour la consommation personnelle, selon une proposition dévoilée vendredi, qui a immédiatement suscité une fin de non-recevoir de Londres, en charge de la législation sur les drogues pour tout le Royaume-Uni.

L’Écosse, gouvernée par le parti national écossais (SNP), tente depuis plusieurs années d’infléchir la politique du pays sur la drogue, espérant réduire son taux de mortalité lié à la consommation de stupéfiants, actuellement le plus élevé en Europe.

Cette dépénalisation « permettrait aux personnes arrêtées en possession de drogue d’être soignées et aidées plutôt que poursuivies et exclues », a justifié le gouvernement écossais dans une déclaration accompagnant cette proposition.

La réforme prévoit aussi d’autoriser la mise en place de mesures pour réduire les dangers liés à la prise de drogue, par exemple en créant des endroits supervisés dédiés.

« L’Écosse a besoin d’une politique bienveillante, compatissante et fondée sur les droits de l’homme, avec la santé publique et la réduction des dommages comme principes fondamentaux », a déclaré la secrétaire d’État responsable des drogues dans le gouvernement écossais, Elena Whitham.

« Nous sommes prêts à travailler avec le gouvernement britannique pour mettre en pratique cette politique progressiste », a-t-elle ajouté.

Mais Londres a rapidement douché les velléités écossaises.

« Je n’ai pas vu [la proposition], mais je pense pouvoir dire qu’il n’est pas prévu de modifier notre politique ferme sur la drogue », a réagi le porte-parole du premier ministre Rishi Sunak.

Un porte-parole du ministère de l’Intérieur a également jugé « irresponsable » la proposition écossaise.

Le parti travailliste, principal parti d’opposition, a aussi rejeté toute évolution de la loi.  

Selon des chiffres officiels, 1330 personnes sont mortes en Écosse en lien avec leur consommation de drogue en 2021, un chiffre en légère baisse par rapport à 2020, mais qui fait suite à huit années consécutives de hausse.

Le taux de mortalité lié à la prise de drogue était 3,7 fois plus élevé en Écosse que dans l’ensemble du Royaume-Uni en 2020, et plus élevé que dans le reste de l’Europe.

Le gouvernement écossais, qui a jusqu’ici échoué à organiser un nouveau référendum sur l’indépendance depuis celui perdu de 2014, s’oppose régulièrement à Londres sur le partage des compétences entre le gouvernement central du Royaume-Uni et le Parlement écossais.

En début d’année, le gouvernement conservateur avait bloqué un projet de loi voté par le Parlement local sur le changement de genre.