(Tbilissi) Tbilissi a dénoncé mardi une « escalade » après la décision des autorités ukrainiennes de renvoyer temporairement l’ambassadeur géorgien en poste à Kyiv afin de protester contre le traitement infligé à l’ex-président géorgien emprisonné Mikheïl Saakachvili, également citoyen ukrainien.

L’ambassadeur a été convoqué par la diplomatie ukrainienne. « Il (lui) a été signalé que ce traitement de Mikheïl Saakachvili est absolument inacceptable », a déclaré mardi le ministère ukrainien des Affaires étrangères dans un communiqué.

« Le pouvoir géorgien doit arrêter de torturer ce citoyen ukrainien », a-t-il ajouté, tout en proposant de transporter l’ex-président en Ukraine pour des « soins médicaux ».

L’ancien président pro-occidental de la Géorgie (2004-2013), bête noire des autorités russes qui avaient lancé en 2008 une invasion armée de cette ancienne république soviétique qui aspirait à intégrer l’OTAN, a été arrêté à son retour d’exil en 2021. Il est la principale figure d’opposition au gouvernement actuel, que les opposants affirment soumis aux pressions de la Russie.

Lors d’une audience lundi au tribunal à Tbilissi, M. Saakachvili, 55 ans, est apparu très amaigri, le visage émacié. Soulevant son T-shirt, il a dévoilé un torse aux côtes apparentes et un ventre creusé.

À Kyiv, le président Zelensky a alors donné lundi 48 heures à l’ambassadeur de Géorgie pour rentrer à Tbilissi et y avoir des consultations sur le sort réservé à Mikheïl Saakachvili.

« Le monde a pu voir aujourd’hui une fois de plus comment le Kremlin – par les mains de l’actuel gouvernement géorgien – tue le citoyen ukrainien Mikheïl Saakachvili », a accusé M. Zelensky.

La décision de Kyiv « représente une forme extrême d’escalade dans les relations diplomatiques », a réagi la diplomatie géorgienne, assurant que la Géorgie « respecte les normes les plus élevées en matière de protection des droits de Mikheïl Saakachvili ».

Plus tôt, le chef du parti au pouvoir en Géorgie, le « Rêve géorgien », Irakli Kobakhidze, avait qualifié d’« insulte » la mesure ukrainienne.

Tbilissi « continuera d’exprimer sa solidarité et son soutien à l’Ukraine, pays en guerre », a tenu à ajouter la diplomatie géorgienne, précisant que « depuis le début de la guerre, la Géorgie a apporté un soutien politique et humanitaire à l’Ukraine, tant sur le plan bilatéral que dans le cadre de différents forums internationaux ».

Les autorités ukrainiennes ont plusieurs fois exhorté la Géorgie à autoriser le transfert de M. Saakachvili en Ukraine ou dans un pays occidental pour y recevoir des soins médicaux, sans succès.

Mardi soir, des dizaines de manifestants étaient rassemblés, à l’appel du principal parti d’opposition géorgien, le Mouvement national uni fondé par M. Saakachvili, devant l’hôpital pour exiger sa libération, a constaté un journaliste de l’AFP.

L’Union européenne et les États-Unis exhortent Tbilissi à respecter les droits de l’ex-président et à lui octroyer un traitement médical approprié.  

Le Conseil de l’Europe considère M. Saakachvili comme un « prisonnier politique » et l’ONG Amnistie internationale a qualifié son traitement de « vengeance politique apparente ».