(Moscou) La Russie a annoncé mardi avoir abattu cinq drones au-dessus de la région de sa capitale, attaque attribuée à l’Ukraine, tandis que Kyiv et Moscou s’accusent de planifier respectivement une « provocation » et une « attaque » de la centrale nucléaire de Zaporijjia.

Ce qu’il faut savoir

  • L’attaque de drones en Russie visait des sites dans la région de Moscou et à la lisière de la capitale ;
  • Plusieurs personnes, dont des enfants, ont été blessées lors d’une frappe russe sur la ville de Pervomaïsky dans la région de Kharkiv ;
  • La Géorgie a qualifié mardi d’insultante la décision prise par l’Ukraine de renvoyer son ambassadeur à Kyiv ;
  • L’Ukraine a salué mardi le fort leadership du Norvégien Jens Stoltenberg après sa reconduction à la tête de l’OTAN ;
  • L’écrivaine ukrainienne Victoria Amelina figure parmi les victimes d’une attaque meurtrière de missiles russes contre un restaurant populaire dans l’est de l’Ukraine.

Sur le terrain, l’Ukraine a rapporté plusieurs frappes russes, dont une particulièrement sanglante dans la région de Kharkiv (nord-est), qui a fait au moins 40 blessés, dont 12 enfants.

L’attaque en Russie visait des sites dans la région de Moscou et à la lisière de la capitale, des zones qui n’ont été ciblées qu’à quelques reprises depuis le début de l’offensive en Ukraine même si ce type de frappes s’est multiplié ailleurs en Russie.

Selon le ministère russe de la Défense, quatre drones ont été détruits par la défense antiaérienne près de la capitale et le cinquième a été neutralisé par des « moyens de guerre électronique », avant de s’écraser dans la région de Moscou.

L’attaque n’a fait ni victimes ni de dégâts, a souligné le ministère.

« Toutes les attaques ont été repoussées par la défense antiaérienne, tous les drones détectés ont été neutralisés », s’est félicité sur Telegram le maire de Moscou, Sergueï Sobianine.

L’attaque a toutefois perturbé pendant trois heures le fonctionnement de l’aéroport Vnoukovo, l’un des trois grands aéroports internationaux de Moscou.

« Ces attaques ne seraient pas possibles sans l’aide fournie au régime de Kyiv par les États-Unis et ses alliés de l’OTAN », a accusé le ministère russe des Affaires étrangères.

Les Occidentaux « forment des opérateurs de drones et fournissent les renseignements nécessaires pour commettre de tels crimes », a-t-il ajouté.  

Après l’attaque, la porte-parole de la diplomatie russe Maria Zakharova avait dénoncé sur Telegram un « acte terroriste ».

Menaces sur Zaporijjia ?

En Ukraine, la centrale nucléaire de Zaporijjia (sud), la plus grande d’Europe, aux mains des Russes depuis mars 2022, était au cœur d’accusations croisées entre Kyiv et Moscou mardi en fin de journée.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a indiqué avoir averti son homologue français Emmanuel Macron, lors d’une conversation téléphonique, que les Russes « préparaient des provocations dangereuses » dans la centrale.  

« Nous sommes convenus de contrôler au maximum la situation, avec l’AIEA (Agence internationale de l’énergie atomique) », a-t-il ajouté.

Le président français a rappelé de son côté son « plein soutien » au directeur de l’AIEA concernant la sécurité de la centrale.

Plus tôt, l’armée ukrainienne avait affirmé que des « objets similaires à des engins explosifs ont été placés sur le toit extérieur des réacteurs 3 et 4 ».  

« Leur dénotation ne devrait pas endommager les générateurs, mais donner l’impression de bombardements depuis le côté ukrainien », a poursuivi l’armée, avertissant que Moscou « fera de la désinformation à ce sujet ».

Dans le même temps, à Moscou, un conseiller du géant russe du nucléaire Rosatom, Renat Karchaa, accusait Kyiv de préparer une « attaque » de la centrale.

« Aujourd’hui, nous avons reçu une information que je suis autorisé à révéler. Le 5 juillet, durant la nuit, en pleine obscurité, l’armée ukrainienne va essayer d’attaquer la centrale nucléaire de Zaporijjia », a déclaré M. Karchaa à la télévision russe.

Il assure que Kyiv a prévu de faire usage « d’armes de précision à longue portée » et de drones.

Enfants blessés

Sur le terrain, les attaques se poursuivent.

Deux personnes ont été tuées dans la région de Kherson (sud), par des bombardements d’artillerie russes, a annoncé le gouverneur Oleksandre Prokoudine sur Telegram.

Dans la région de Kharkiv, une frappe russe à l’aide d’un missile Iskander a fait au moins 40 blessés, dont 12 enfants, selon un nouveau bilan annoncé par M. Zelensky. Un nourrisson de trois mois a dû recevoir une assistance médicale sur place.

Le bilan de la frappe russe au drone ayant touché lundi un immeuble d’habitation à Soumy, dans le nord-est, s’est lui alourdi à trois morts et 21 blessés.

Les combats se poursuivent également sur le front, près d’un mois après la contre-offensive lancée par les forces ukrainiennes qui n’a donné jusque-là que des gains territoriaux modérés pour Kyiv.

À quelques jours d’un sommet de l’OTAN à Vilnius qui devrait accueillir la première réunion du conseil OTAN-Ukraine, M. Zelensky a félicité mardi le chef de l’Alliance Jens Stoltenberg, dont le mandat a été reconduit pour un an, saluant ses « efforts personnels » en faveur de l’Ukraine.

« J’ai bon espoir que notre coopération continuera de porter ses fruits », a-t-il dit 

Kyiv dit avoir ciblé une « formation » russe à Makiïvka

L’armée ukrainienne a affirmé mardi soir avoir ciblé une « formation » russe à Makiïvka, ville occupée de l’est de l’Ukraine, où les médias russes ont fait état d’un mort et 36 civils blessés dans une attaque conduite par Kyiv.

« En conséquence de la puissance de feu des unités des forces de défense [ukrainiennes], une autre formation de terroristes russes dans la zone temporairement occupée de Makiïvka a cessé d’exister », a fait savoir le Bureau des communications stratégiques des forces armées ukrainiennes sur Telegram.

Dans une vidéo jointe à ce message, une explosion est visible au loin, ainsi que la silhouette d’au moins un bâtiment.

Kyiv n’a pas fourni de précisions sur cette action.

Les forces ukrainiennes ont conduit « des attaques violentes » sur des zones résidentielles et un complexe hospitalier à Makiïvka, a indiqué sur Telegram Denis Pouchiline, le chef de l’occupation russe de la région ukrainienne de Donetsk.

Un « homme né en 1961 est mort et 36 civils ont été blessés à des degrés divers de gravité », selon l’agence russe Interfax, s’appuyant sur un communiqué de responsables installés par Moscou à Donetsk.

« Neuf établissements de santé […] ont été endommagés » à Makiïvka, a indiqué l’agence russe d’État TASS.

Le soir du Nouvel An, 89 soldats russes avaient été tués selon Moscou dans une frappe ukrainienne à Makiïvka.