(Glasgow) L’ex-dirigeante indépendantiste écossaise Nicola Sturgeon, qui avait démissionné de son poste de première ministre en février, a passé sept heures en garde à vue dimanche dans le cadre d’une enquête sur les finances de son parti politique, le SNP, au terme desquelles elle a clamé son « innocence ».

Il s’agit d’un nouveau coup porté au Parti national écossais (SNP), affaibli depuis le départ surprise de sa charismatique dirigeante, restée huit ans au pouvoir.

« Me retrouver dans la situation dans laquelle j’étais aujourd’hui, bien que je sois convaincue de n’avoir commis aucun délit, est à la fois un choc et très angoissant », a-t-elle déclaré dans un communiqué à l’issue de sa garde à vue.

Je sais, sans l’ombre d’un doute, que je suis innocente de tout acte répréhensible.

Nicola Sturgeon, dans un communiqué

Plus tôt, la police écossaise avait annoncé « l’arrestation » d’une « femme de 52 ans […] en tant que suspecte dans le cadre de l’enquête en cours sur le financement et les finances du Parti national écossais ».

Mme Sturgeon a été interrogée sous le régime de la garde à vue pendant environ sept heures et relâchée en attendant de nouveaux développements, a indiqué la police.

Selon la porte-parole de Nicola Sturgeon, citée par l’agence PA, l’ancienne dirigeante s’était rendue de son plein gré à cet entretien avec la police. « Nicola a toujours dit qu’elle coopérerait à l’enquête […] et elle continue de le faire », a poursuivi cette porte-parole.

Des perquisitions ont été effectuées dans plusieurs propriétés, notamment au domicile de Nicola Sturgeon et de son conjoint, Peter Murrell, où une tente de police a été érigée dans le jardin, et au siège du SNP à Édimbourg, selon PA.

PHOTO ANDY BUCHANAN, AGENCE FRANCE-PRESSE

Des perquisitions ont été effectuées dans plusieurs propriétés, notamment au domicile de Nicola Sturgeon et de son conjoint Peter Murrell, où une tente de police a été érigée dans le jardin.

Début avril, Peter Murrell, qui était jusqu’à la mi-mars directeur général du SNP avant de démissionner de ses fonctions, avait été arrêté dans le cadre de cette enquête, avant d’être remis en liberté le soir même sans poursuite.

Quelques jours plus tard, c’est le trésorier du SNP, Colin Beattie, qui avait été interpellé. Il avait lui aussi été relâché sans que des accusations soient retenues contre lui. Il a également démissionné de son poste de trésorier.

« Culture du secret »

Les investigations, qui ont démarré en 2021, portaient alors notamment sur l’utilisation de dons de 600 000 livres sterling (980 105 dollars canadiens) collectés ces dernières années en vue d’organiser un nouveau référendum d’indépendance, projet dans l’impasse face au rejet de Londres. Les médias avaient alors aussi évoqué des questions sur un prêt qu’il aurait versé au parti.

Dans l’opposition, un membre du Parti travailliste écossais, Ian Murray, a jugé que l’arrestation représentait « un développement très inquiétant ».

Pendant trop longtemps, une culture du secret et de la dissimulation a pu s’installer au cœur du SNP.

Ian Murray, député du Parti travailliste écossais

Après 8 ans à la tête de l’Écosse et au total 15 ans à des postes à responsabilité dans l’exécutif local, Nicola Sturgeon avait annoncé mi-février sa démission à la surprise générale, expliquant manquer d’énergie. Pendant toutes ces années au pouvoir, elle a porté le combat indépendantiste avec détermination.

Le parti, affaibli par ce départ, est aussi sorti divisé de la campagne interne qui a abouti à la nomination en mars comme premier ministre d’Humza Yousaf, 38 ans.

Le dirigeant, premier de confession musulmane à la tête d’une des nations constitutives du Royaume-Uni, est considéré comme incarnant la continuité après Mme Sturgeon, avec une ligne progressiste sur les questions sociétales et une sensibilité de gauche sur l’économie.

Sur les ondes de la BBC, Humza Yousaf a redit dimanche matin qu’il serait « le leader qui veillera à ce que l’Écosse devienne une nation indépendante ».

Mais le combat pour l’indépendance, un temps relancé par le Brexit et l’impopularité des gouvernements conservateurs successifs à Londres, semble dans l’impasse. La Cour suprême a rejeté la volonté d’Édimbourg d’organiser un nouveau référendum sans l’accord de Londres, après le vote qui avait abouti à la victoire du « non » à 55 % en 2014.

L’histoire jusqu’ici

14 novembre 2014

Nicola Sturgeon devient cheffe du Parti national écossais (SNP) et, par le fait même, première ministre de l’Écosse.

15 février 2023

Nicola Sturgeon crée la surprise en démissionnant de son poste après huit ans au pouvoir, ouvrant une période d’incertitude pour le mouvement indépendantiste.

27 mars 2023

Humza Yousaf est élu à la tête du SNP et devient premier ministre de l’Écosse.

5 et 18 avril 2023

Arrestation de Peter Murrell, conjoint de Mme Sturgeon, et de Colin Beattie, trésorier du SNP. Tous deux ont été relâchés le jour même de leur arrestation.