(Milan) Surnommé « l’immortel » pour sa longévité en politique, l’ancien chef du gouvernement italien Silvio Berlusconi, 86 ans, a quitté vendredi l’hôpital milanais où il avait été admis il y a six semaines pour une leucémie et une infection pulmonaire.

« Aujourd’hui, après 45 longues journées, je suis enfin rentré à la maison », a déclaré Silvio Berlusconi dans un communiqué diffusé après sa sortie de l’hôpital San Raffaele de la capitale lombarde.

« Une émotion incroyable, un grand soulagement », a poursuivi Silvio Berlusconi. « Cela a été une période difficile, mais après l’obscurité, j’ai gagné à nouveau ».  

Disant sa reconnaissance envers tous ceux qui l’ont soutenu pendant son hospitalisation, l’ancien premier ministre a assuré : « Je ne me suis jamais senti seul », ajoutant : « Le cauchemar est fini. Vive la vie, toujours ! ».

PHOTO ALESSANDRO BREMEC, ASSOCIATED PRESS

Silvio Berlusconi à sa sortie de l’hôpital

Il avait été admis dans ce prestigieux établissement pour traiter un état de faiblesse lié à une infection pulmonaire, mais ses médecins avaient révélé qu’il souffrait de leucémie chronique.

Silvio Berlusconi s’était adressé début mai à ses sympathisants pour la première fois, dans un message vidéo, depuis sa chambre d’hôpital.

Élégamment vêtu, assis derrière un bureau avec la bannière de son parti de droite, Forza Italia, et le drapeau italien derrière lui, il a remercié ses supporteurs pour leur soutien, « qui plus que tout m’a aidé à surmonter une pneumonie très dangereuse ».

Après avoir dominé la politique italienne pendant des décennies, Silvio Berlusconi apparaît aujourd’hui physiquement diminué au cours de ses rares apparitions en public.  

Parmi les hommes les plus riches de la péninsule avec une fortune évaluée par Forbes à 6,4 milliards d’euros, Silvio Berlusconi a été hospitalisé à plusieurs reprises ces dernières années.

En janvier 2022, il avait été admis au San Raffaele pour traiter une infection urinaire. Au mois d’avril précédent, il avait aussi été hospitalisé plus de trois semaines pour des « séquelles de la COVID-19 » qu’il avait contractée en septembre 2020.

Il avait subi une importante opération à cœur ouvert en 2016, puis une intervention pour traiter une occlusion intestinale au printemps 2019. En 1997, il avait été opéré d’une tumeur maligne à la prostate.

Scandales

Le parcours de cet éternel revenant, dont la mort politique fut maintes fois annoncée à tort, se confond avec l’histoire italienne des 30 dernières années.

Premier ministre à trois reprises entre 1994 et 2011, il est actuellement sénateur et président de Forza Italia, un partenaire mineur du gouvernement de coalition de la première ministre d’extrême droite Giorgia Meloni.

Mme Meloni lui avait rendu visite à l’hôpital dimanche, déclarant qu’il était « d’excellente humeur » et qu’il continuait à travailler « sans relâche ».

« Nous t’attendons sur le terrain pour mener ensemble nos batailles », a-t-elle réagi vendredi.

Le numéro deux de Forza Italia, le ministre des Affaires étrangères Antonio Tajani, et son allié de coalition Matteo Salvini, chef du parti anti-immigration de la Ligue, lui ont également rendu visite.

« Bienvenue à la maison, grand Silvio », a tweeté Matteo Salvini vendredi. « Nous sommes tous heureux de votre retour à la maison, bienvenue président », a aussi écrit M. Tajani.

Fan de soccer, Silvio Berlusconi a présidé pendant 31 ans l’AC Milan, qui a remporté cinq fois la Ligue des champions sous son ère, avant de vendre en avril 2017 à des investisseurs chinois. Il est l’actuel propriétaire du club de Monza.

Sa carrière a été marquée par des scandales et des problèmes judiciaires qui, au cours de la dernière décennie, se sont concentrés sur les procédures liées à ses fameuses soirées sexuelles « Bunga Bunga ».

L’octogénaire, dont la compagne Marta Fascina est de 53 ans sa cadette, a encore fait scandale en décembre 2022 en promettant avant un match à ses joueurs d’amener « dans le vestiaire » un « car de putes » en cas de victoire.  

Les déclarations philorusses du magnat des médias, ami du président russe Vladimir Poutine, mettent aussi régulièrement dans l’embarras Giorgia Meloni, qui fut sa ministre de la Jeunesse de 2008 à 2011.

Mais pour des millions d’Italiens il représente un âge d’or de l’économie transalpine. La holding de sa famille, Fininvest, comprend des chaînes de télévision (MediaForEurope), des journaux et les éditions Mondadori.