(Przewodow) Les habitants d’un village polonais proche de la frontière avec l’Ukraine restent sous choc mercredi matin après l’explosion, la veille, d’un missile d’origine inconnue qui y a tué deux personnes.  

« J’ai peur. Je n’ai pas dormi de la nuit, je regarde la télévision depuis ce matin et de nombreuses idées me traversent la tête », déclare à l’AFP Joanna Magus, enseignante de l’école primaire à Przewodow, village situé à environ six kilomètres de la frontière.

« J’espère que c’est un missile perdu. Si ce n’est pas le cas, nous sommes impuissants. Nous ne savons pas quoi faire après », dit-elle.

Le président polonais Andrzej Duda a jugé « hautement probable », mercredi, que le missile tombé ait été utilisé par la défense ukrainienne, alors que l’explosion avait immédiatement suscité des inquiétudes quant à la possibilité que l’OTAN soit directement entraînée dans la guerre que mène la Russie contre l’Ukraine.

Selon le ministère polonais des Affaires étrangères, l’explosion s’est produite à 9 h 40 mardi.  

Les habitants indiquent que le projectile a touché un séchoir à céréales, situé près de l’école du village.

« Panique totale »

Lorsqu’il a frappé, Mme Magus était dans sa maison dont la fenêtre donne sur le séchoir.  

« J’ai entendu une énorme explosion, une explosion terrible, alors je suis montée à la fenêtre et j’ai vu un énorme nuage de fumée sombre […] J’ai vu des gens courir », raconte-t-elle.  

« J’ai pensé que quelque chose s’était peut-être passé au séchoir, qu’un des appareils était cassé et a explosé ».  

Son mari était dehors à ce moment-là, près du lieu de l’explosion, elle l’a appelé pour apprendre qu’il avait « à peu près vu ce qui s’était passé ».  

« Il était terrifié. Il a dit que quelque chose avait explosé et qu’on craignait la mort de deux personnes. C’était la panique totale », ajoute-t-elle.

Les deux victimes de l’explosion sont des hommes âgés d’une soixantaine d’années, travaillant tous deux dans l’entreprise de séchage.

Ewa Byra, directrice de l’école primaire de Przewodow, dit que l’un des morts était marié à la femme de ménage de l’école. L’autre homme était le père d’un ancien élève.  

« Nous ne nous attendions pas vraiment à ce genre de choses, même si les accidents arrivent, surtout quand la guerre se déroule à seulement six kilomètres du village », reconnaît-elle, interrogée par l’AFP.  

Un soutien psychologique sera proposé aux élèves, ainsi qu’à tous les autres habitants qui se présenteront à l’école, assure-t-elle.

Personne à la messe

Selon un journaliste de l’AFP présent sur place, la police a bouclé le site de l’explosion. Des fonctionnaires se tiennent le long de la route goudronnée menant au village d’environ 500 habitants, qui, outre l’école et des maisons, ne compte qu’une église et un cimetière.  

Interrogé par l’AFP, le curé Bogdan Wazny raconte que le village s’est vidé dès que la nouvelle du missile s’est répandue, et que personne n’est venu à la messe mardi après-midi, une première pour le village dans cette région très attachée à la pratique catholique.  

Il connaissait bien les deux victimes.  

« Ils étaient très gentils. Ils aidaient la paroisse chaque fois que je le demandais », déclare le père Wazny à l’AFP.  

« Nous venons de refaire la façade de l’église et l’un des deux hommes a donné un coup de main », indique-t-il.

La commune où se trouve Przewodow a annoncé mercredi trois jours de deuil.