(Moscou) Le président russe Vladimir Poutine a appelé lundi l’Ukraine à garantir la sécurité des navires empruntant le couloir pour les exportations de céréales, l’accusant d’être une « menace » après une attaque qui a visé la flotte russe en Crimée samedi.

« L’Ukraine doit garantir qu’il n’y aura aucune menace pour la sécurité des navires civils », a déclaré M. Poutine lors d’une conférence de presse, accusant Kyiv d’avoir utilisé le couloir céréalier pour l’attaque qu’il lui impute et qui a justifié son retrait de l’accord sur les exportations ukrainiennes.

« Cette attaque a été lancée par l’Ukraine contre les navires de la flotte de la mer Noire […] Ils ont créé un danger pour nos navires et les navires civils », a-t-il poursuivi.

« C’est une menace pour nos navires et les navires civils », a ajouté M. Poutine, tout en soulignant que la Russie ne s’était pas retirée de l’accord sur les exportations de céréales ukrainiennes, mais l’avait « suspendu ».

L’armée russe a aussi dit lundi vouloir des « engagements » de l’Ukraine de ne pas utiliser le couloir destiné aux exportations de céréales à des fins militaires, après une attaque sur sa flotte en Crimée et la suspension de l’accord pour leur acheminement.

« Il ne peut être question de garantir la sécurité de quoi que ce soit dans cette zone tant que l’Ukraine ne prendra pas des engagements supplémentaires pour ne pas utiliser cette route à des fins militaires », a indiqué le ministère russe de la Défense sur Telegram.

Il a appelé l’ONU, garant de l’accord sur les céréales ukrainiennes signé en juillet, à aider à « obtenir des garanties de la part de l’Ukraine de ne pas utiliser le couloir humanitaire et les ports ukrainiens désignés pour l’exportation de produits agricoles pour des actes hostiles contre la Russie ».

L’Ukraine est déterminée à « rester un garant de la sécurité alimentaire mondiale » et à poursuivre ses exportations de céréales, a assuré lundi le président Volodymyr Zelensky lors d’un appel avec le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres.

« Je me suis entretenu avec le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres. J’ai confirmé l’engagement de l’Ukraine à l’accord céréalier », a écrit M. Zelensky sur Twitter.

Moscou a suspendu l’accord permettant les exportations de céréales ukrainiennes, essentielles pour l’approvisionnement alimentaire mondial, après une attaque menée samedi avec des drones aériens et sous-marins sur sa flotte stationnée en Crimée, péninsule annexée en 2014.

Selon l’armée russe, cette attaque, que Moscou a imputée à l’Ukraine avec l’aide de spécialistes britanniques, a été menée en partie depuis le couloir maritime utilisé pour le transport des céréales.

Les États-Unis ont qualifié lundi d’« extorsion collective » les demandes formulées par Moscou envers l’Ukraine de ne pas utiliser le couloir destiné aux exportations de céréales à des fins militaires.

« Cela ressemble soit à une punition collective, soit une extorsion collective », a déclaré à la presse le porte-parole du département d’État américain Ned Price.

« En attendant la clarification de la situation causée par l’acte terroriste commis par l’Ukraine le 29 octobre […] le couloir de sécurité est suspendu », a indiqué lundi l’armée russe, dont les navires escortaient les cargos.

« Le mouvement des navires le long du couloir de sécurité est inacceptable, car les dirigeants ukrainiens et le commandement de l’armée ukrainienne l’utilisent pour mener des opérations de combat contre la Russie », a-t-il ajouté.

L’Ukraine avait dénoncé un « faux prétexte » utilisé par Moscou pour suspendre cet accord et Londres a démenti toute implication dans l’attaque survenue en Crimée.

Plusieurs navires chargés de céréales ukrainiennes ont continué lundi à emprunter le couloir maritime lundi. Le Kremlin a déclaré qu’il serait « dangereux » et « difficile » de continuer la mise en œuvre de l’accord sans Moscou.