(Berlin) Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a exigé mercredi devant l’ONU un « juste châtiment » contre la Russie, dénonçant avec force l’invasion de son pays par les troupes russes et appelant à la mise en place d’un tribunal spécial.

« Un crime a été commis contre l’Ukraine et nous exigeons un juste châtiment » contre la Russie, a déclaré le président Zelensky en s’adressant via un message vidéo à l’Assemblée générale de l’ONU. N’ayant pas pu se rendre à New York, le dirigeant avait obtenu cette autorisation exceptionnelle des États membres des Nations unies.

Dans son discours, qui s’est achevé sous les ovations et applaudissements des représentants présents dans la salle, M. Zelensky a lancé une virulente diatribe contre la Russie pour son agression contre l’Ukraine.

« Nous ne laisserons pas cette entité prévaloir sur nous », a-t-il lancé, vêtu comme toujours d’un tee-shirt vert kaki, et appelant à la création d’un tribunal spécial pour juger la Russie « pour son crime d’agression contre notre État ».

Il a prononcé le mot « châtiment » pas moins d’une quinzaine de fois tout au long de son discours.

Le président ukrainien a également appelé à la création d’un fonds de compensation pour l’Ukraine et estimé que la Russie devrait être privée de son droit de veto au Conseil de sécurité de l’ONU.

Auparavant, à la même tribune des Nations unies, le président américain Joe Biden avait accusé la Russie d’avoir « violé de manière éhontée » les principes de l’ONU.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a dit un peu plus tôt mercredi « ne pas croire » à l’utilisation d’armes nucléaires par Moscou dans la guerre en Ukraine, après que Vladimir Poutine a agité cette menace dans un discours.

« Je ne crois pas que ces armes seront utilisées. Je ne crois pas que le monde laissera faire », a affirmé le chef de l’État ukrainien selon des extraits de cet entretien accordé à Bild TV et dont les propos ont été retranscrits par le quotidien populaire allemand.

Le président russe Vladimir Poutine a annoncé mercredi une mobilisation de 300 000 réservistes en Russie pour soutenir son effort de guerre en Ukraine, et menacé l’Occident d’employer l’arme nucléaire.

« Demain, Poutine pourra dire : “nous voulons une partie de la Pologne en plus de l’Ukraine, sinon nous utiliserons des armes nucléaires” », a-t-il poursuivi.

« Nous ne pouvons pas accepter ce genre de compromissions », l’Ukraine « poursuivra l’offensive », a-t-il déclaré, affirmant être « certain de libérer [nos] territoires ».

Le commandant en chef de l’armée ukrainienne, Valery Zaloujny, a promis de « détruire » les Russes qui se rendront en Ukraine pour combattre, y compris ceux qui seront mobilisés après le décret du président russe Vladimir Poutine.

« Nous détruirons tous ceux qui viennent sur notre territoire avec des armes à la main – que ce soit volontairement ou par mobilisation », a écrit sur Facebook M. Zaloujny, qui s’exprime rarement dans les médias.

Dans ce contexte, et tout en se déclarant « reconnaissant » du soutien militaire apporté par Berlin, il a appelé les députés allemands à voter jeudi en faveur de la livraison des chars de combat modernes qui permettront de sauver « plus de vies humaines ».  

Le gouvernement allemand n’a jusqu’ici pas donné suite à cette demande pressante de Kyiv, arguant ne pas souhaiter agir seul dans ce domaine et ne pas vouloir fournir des équipements avec lesquels la Russie pourrait être attaquée.  

Ni les États-Unis ni la France par exemple n’ont jusqu’ici fourni de chars de combat occidentaux à l’Ukraine qui reçoit des blindés de fabrication soviétique.

« Vous êtes un État indépendant. Si vous ne voulez pas nous donner ces armements, alors sans rancune […]. Mais ne dites pas d’abord les États-Unis, puis la Pologne, etc. Chacun doit prendre ses propres responsabilités », a lancé M. Zelensky à l’attention de l’exécutif allemand.  

Vladimir Poutine « veut noyer l’Ukraine dans le sang, y compris celui de ses propres soldats », a par ailleurs jugé le chef d’État à propos de la mobilisation partielle décrétée par le président russe.

« Il a besoin d’une armée de plusieurs millions de personnes qui viennent à nous, car il voit qu’une grande partie de ceux qui arrivent s’enfuient », a-t-il ajouté, en référence aux défections dans l’armée russe.

Le président ukrainien a également qualifié de « simulacre » les référendums d’annexion prévus à partir de vendredi par la Russie dans les territoires occupés. « 90 % des États ne les reconnaîtront pas », a-t-il ajouté.

« Il y a encore des pays qui n’ont pas compris que Poutine a déjà perdu la guerre », a-t-il dit.

Mais « il a perdu du point de vue historique. Pas seulement contre l’Ukraine », mais contre le monde entier et la démocratie. « Personne ne lui pardonnera », a-t-il jugé.