(Bruxelles) Le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell se rendra de mardi à jeudi en Ukraine, notamment sur la ligne de front avec les séparatistes prorusses, pour exprimer le soutien de l’UE à « l’intégrité territoriale » de ce pays, a annoncé lundi la Commission.

Depuis plusieurs semaines, les Occidentaux s’inquiètent du déploiement de 100 000 soldats russes à la frontière orientale de l’Ukraine et accusent Moscou de menacer ce pays d’une nouvelle invasion, après celle de la Crimée en 2014.

M. Borrell, accompagné du ministre ukrainien des Affaires étrangères Dmytro Kouleba, se rendra d’abord dans l’Est du pays, sur la « ligne de contact » entre la zone contrôlée par Kiev et celle tenue par les séparatistes prorusses, engagés dans un conflit qui a fait plus de 13 000 morts depuis 2014.

Il ira ensuite à Kiev pour rencontrer d’autres responsables ukrainiens, selon un communiqué de la Commission. Ce voyage « souligne le soutien ferme de l’UE à la souveraineté et à l’intégrité territoriale de l’Ukraine à un moment où le pays est confronté au renforcement militaire et aux actions hybrides de la Russie », a précisé l’exécutif européen.

Les efforts diplomatiques pour tenter de désamorcer cette crise se sont poursuivis lundi.

Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken s’est notamment entretenu au téléphone avec son homologue turc Mevlut Cavusoglu, dont le pays est allié des États-Unis au sein de l’OTAN. Ils ont discuté de « l’importance d’une coordination continue au sujet de la menace d’escalade de la part de la Russie en Ukraine », selon un communiqué du département d’État américain.

Cet appel intervient au lendemain d’un coup de fil entre le président russe Vladimir Poutine et son homologue turc Recep Tayyip Erdogan, qui entretiennent des relations de partenariat et ont évoqué les exigences présentées par Moscou à l’Alliance atlantique.

Antony Blinken a aussi parlé avec les ministres des Affaires étrangères du « groupe des neuf de Bucarest », qui comprend les pays européens constituant le « flanc oriental » de l’OTAN, aux portes de la Russie (Bulgarie, République tchèque, Estonie, Hongrie, Lettonie, Lituanie, Pologne, Roumanie et Slovaquie). Ils ont évoqué « la nécessité d’une position unie et résolue » de l’OTAN en matière de « défense collective des Alliés », qui soit « prête » à être dégainée en cas de besoin, selon la diplomatie américaine.

Des pourparlers entre la Russie et les États-Unis doivent avoir lieu sur l’Ukraine les 9 et 10 janvier à Genève, suivis le 12 janvier d’une rencontre Russie-OTAN, puis le 13 janvier d’une réunion dans le cadre de l’OSCE.

L’UE s’inquiète d’être mise sur la touche dans ces pourparlers, et Josep Borrell a insisté plusieurs fois pour que « toute discussion sur la sécurité de l’Europe se tienne en coordination et avec la participation de l’UE ». Antony Blinken a dit aux « Neuf de Bucarest » que Washington allait continuer à se coordonner « étroitement » avec « tous » ses alliés transatlantiques.

Pour Moscou, la sécurité de la Russie passe par l’interdiction de tout élargissement de l’OTAN, perçue comme une menace existentielle, et la fin des activités militaires occidentales à proximité des frontières russes, zone qu’elle considère comme relevant de son aire d’influence.

Les Occidentaux rejettent certaines requêtes russes comme inacceptables. Le président américain Joe Biden a assuré dimanche que les États-Unis et leurs alliés « répondront énergiquement » si la Russie envahissait l’Ukraine.