(Marseille) « Des actes irresponsables », une « attitude égoïste », « des dégradations absolument insupportables » : les condamnations ont fusé lundi, au lendemain d’un carnaval organisé à Marseille en violation des règles sanitaires contre la COVID-19, et qui s’est achevé par des incidents ayant causé quelque 100 000 euros de dégâts.

Cette manifestation a donné lieu à « des dégradations absolument insupportables », avec « des attaques aussi contre les forces de l’ordre » et « des caméras de vidéoprotection brûlées », a dénoncé lundi le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin en déplacement à Châteauroux (Indre), à propos de ce défilé de quelque 6500 personnes, pour la plupart non masquées.  

Il faut mesurer l’état de frustration de gens, et notamment des plus jeunes, mais cela n’excuse par l’imbécillité de ces actes irresponsables.

Jean-Marc Coppola, adjoint à la Culture à la ville de Marseille

Dès dimanche soir, le maire de Marseille Benoît Payan avait regretté « l’attitude égoïste de quelques irresponsables ».

PHOTO CHRISTOPHE SIMON, AGENCE FRANCE-PRESSE

Environ 6500 personnes ont participé à un carnaval non autorisé à Marseille dimanche, défiant les règles sanitaires visant à endiguer la pandémie de COVID-19.

Selon le ministère de l’Intérieur, plusieurs dizaines de personnes ont reçu des contraventions pour non-port du masque, notamment, et neuf ont été arrêtées, quand ce « carnaval de la Plaine », du nom d’un quartier populaire au cœur de la seconde ville de France, a commencé à dégénérer en fin d’après-midi, avec du mobilier urbain saccagé et des poubelles brûlées. Sept étaient encore en garde à vue lundi après-midi, selon le parquet de Marseille.

400 « ultra-gauchistes violents »

« Dès demain (mardi), il y aura des comparutions immédiates » devant la justice à Marseille, a précisé M. Darmanin, en dénonçant la présence de « 400 personnes de l’ultragauche, extrêmement violentes », parmi les carnavaliers.

Au moins quatre personnes seront jugées, notamment pour « violences sur personnes dépositaires de l’autorité publique », a indiqué la procureure de la République de Marseille, Dominique Laurens, dans un communiqué, spécifiant qu’une enquête était également menée sur l’organisation de cette manifestation non déclarée.  

Aux côtés de M. Coppola, l’adjoint à la sécurité de la ville de Marseille, Yannick Ohanessian, a une nouvelle fois appelé l’État à donner « des moyens supplémentaires à la ville de Marseille pour faire respecter le port du masque et les gestes barrière », en amont d’une saison estivale « qui risque d’être très très difficile »’.

« Il ne faut pas reproduire les mêmes erreurs que l’été dernier », a-t-il insisté, en affirmant que « Marseille ne (serait) pas une ville touristique antimasque ».

M. Ohanessian a également confirmé que la ville de Marseille avait porté plainte après ce carnaval, « pour dégradations et pour actes de violences aggravées sur la voie publique ».  

Selon la SOLEAM, la société locale d’aménagement de la place Jean-Jaurès d’où est parti le défilé dimanche, la facture pour remettre en état le chantier va s’élever à environ 100 000 euros.  

Rebond des contaminations attendu

Par rapport à la COVID-19, Marseille et « en particulier les Bouches-du-Rhône » sont « sur le fil du rasoir », a insisté lundi le professeur Laurent Papazian, chef de réanimation à l’hôpital Nord, estimant « évident qu’il va y avoir un rebond dans les contaminations » après ce carnaval sauvage.

Selon les derniers chiffres de l’hôpital public à Marseille, 83 patients COVID-19 étaient aux soins intensifs à Marseille, soit un sommet depuis le 1er décembre.

Marseille et les Bouches-du-Rhône ne sont pour l’instant pas concernés par les nouvelles restrictions entrées en vigueur samedi pour au moins quatre semaines dans 16 départements, dont les Alpes-Maritimes proches.