(Vichy) En conclusion d’un déplacement de deux jours dans le centre de la France, Emmanuel Macron s’est recueilli mercredi devant une stèle en mémoire aux déportés à Vichy (Allier), une ville dont le maire a demandé à ne plus être associée à « la honte française » du régime Pétain.

Le chef de l’État a respecté en fin d’après-midi un moment de silence devant la stèle érigée en hommage aux 6500 juifs victimes de la rafle du 26 août 1942.  

Il s’est ensuite arrêté devant la plaque portant les noms des 80 parlementaires qui ont refusé de voter les pleins pouvoirs au maréchal Pétain en juin 1940.

Cette visite à Vichy intervient alors que la campagne présidentielle a été marquée par la polémique lancée depuis la rentrée par Éric Zemmour qui a affirmé que le maréchal Pétain avait sauvé des juifs français, soulevant un tollé dans la classe politique.

« Nous nous sommes recueillis à la mémoire des juifs de France qui ont été victimes de l’État français » et « des 80 parlementaires qui ont dit non et ont résisté, certains au péril de leur vie », a déclaré le chef de l’État à des journalistes, avant de se fendre d’un long bain de foule, échangeant avec de nombreux habitants, à quatre mois de la présidentielle.

PHOTO LUDOVIC MARIN, AGENCE FRANCE-PRESSE

Le président Emmanuel Macron a visité le monument érigé en hommage aux 6500 juifs victimes de la rafle du 26 août 1942.  

« C’est un moment d’émotion et un moment de soulagement de voir un président venir à Vichy », a pour sa part réagi Serge Klarsfeld, présent avec son épouse Beate, tous deux défenseurs de la mémoire des déportés de France. Le précédent geste mémoriel d’un chef de l’État à Vichy remontait à celui du général de Gaulle en 1959.

« Cette Histoire, ce n’est pas à Vichy de la porter. C’est l’Histoire de la France », « du régime qui a décidé de collaborer avec l’occupant », a affirmé Emmanuel Macron.

Il répondait ainsi au maire Frédéric Aguilera (LR) qui a souhaité voir disparaître l’expression « régime de Vichy », « un boulet sémantique qui continue de lester l’envol » de sa ville, et qui a été utilisée par de nombreux historiens pour nommer le régime du maréchal Pétain qui gouverna la France, depuis Vichy, entre 1940 et 1944.

« Stigmatisation injuste »

« Nous mesurons au quotidien le poids des mots, le poids d’une stigmatisation injuste. Vichy reste associée à la honte française, Vichy est la honte française. Vichy est la victime expiatoire d’un pays qui a du mal à regarder son passé en face », a-t-il regretté en présence d’Emmanuel Macron.

Or, selon lui, « Vichy est résolument portée vers son avenir » autour de trois priorités — le sport, le thermalisme et le patrimoine — auxquelles vont être consacrés 200 millions d’investissements dans les prochaines années.

Emmanuel Macron a assuré que l’État allait « accompagner Vichy » à « regarder l’avenir ». Il s’est ensuite intéressé à différents projets locaux et a déambulé dans le centre-ville où l’attendaient de nombreux habitants. Il a notamment salué la récente inscription des eaux thermales de Vichy au Patrimoine mondial de l’UNESCO, qui est « une fierté pour la France ».

Dans la rue, Emmanuel Macron a été interpellé par une femme qui lui a demandé : « Monsieur le président, préservez-nous de l’extrême droite ».

« Je me battrai de toutes mes forces, de toutes mes forces », lui a-t-il dit.

À un homme qui lui disait de « se méfier de Valérie » Pécresse, la candidate des Républicains, il a répondu qu’il était « normal que la vie politique continue ». « Moi, je m’occupe du pays », a-t-il ajouté.

La veille, premier de ces deux jours « en immersion » auprès des Français pour parler de leurs soucis quotidiens, Emmanuel Macron avait passé la journée à rencontrer des habitants et des professionnels à Vierzon puis à Bourges.  

Il a dormi à Moulins d’où il a présidé dans la matinée le Conseil des ministres en visioconférence et s’est ensuite promené une demi-heure dans la ville.  

Quelques Gilets jaunes, qui criaient « on est là » et « ton pass il ne passe pas », étaient bloqués à bonne distance de la préfecture de Moulins. La veille, c’était un petit groupe d’aides-soignantes protestant contre le manque de moyens à l’hôpital qui était bloqué à distance du centre-ville de Vierzon où le président saluait des commerçants.