(Paris) Anne Hidalgo a été investie jeudi soir par le Parti socialiste pour la présidentielle, prélude à une « mobilisation collective » autour de la maire de Paris pour tenter de relancer une campagne qui peine à décoller.

Selon des résultats portant sur plus de 90 % des bulletins dépouillés, Anne Hidalgo, qui était largement favorite, a obtenu plus de 72 % des voix face à son seul challenger, le maire du Mans Stéphane le Foll, a annoncé le premier secrétaire Olivier Faure.

« Tous et toutes mobilisés pour préparer l’alternance, c’est parti, allons-y », a déclaré Anne Hidalgo, devant plusieurs dizaines de militants et de soutiens, comme le président du département de Seine–Saint-Denis Stéphane Troussel ou le sénateur de Paris Rémi Féraud, rassemblés dans une brasserie du XXe arrondissement de la capitale.

« Je mesure la responsabilité qui m’incombe », a dit l’édile parisienne, se disant « fière et honorée de porter les couleurs de notre parti ». « Je porte les couleurs d’une gauche de gouvernement », « qui assume l’exercice du pouvoir et les responsabilités », a-t-elle ajouté.  

Créditée par les sondages de 4 à 7 % des voix, Anne Hidalgo s’était engagée dans la bataille pour 2022 sans attendre cette investiture, qu’elle savait quasi acquise puisqu’elle a depuis des mois le soutien des instances du parti, dont Olivier Faure.

Lors du récent congrès du PS, ce dernier jugeait d’ailleurs que la candidate aurait « vraisemblablement une majorité très large ».  

Saluant la « force tranquille » d’Anne Hidalgo, ce dernier a reconnu que la campagne serait « difficile » et que « personne ne souhaite notre victoire », mais « nous allons t’accompagner », a-t-il assuré.   

Stéphane Le Foll ne se faisait pas d’illusions : « La messe est dite », avait-il reconnu auprès de l’AFP, dénonçant l’absence de débat avec la maire de Paris, dont il juge le projet « incohérent » et « indéfini ».

Anne Hidalgo l’a invité à la rejoindre dans la campagne, car « sa famille politique a besoin de lui et de son engagement ».

Le parti est désormais en ordre de bataille derrière sa candidate, avec une convention d’investiture le 23 octobre à Lille, fief de Martine Aubry, sa mentor en politique.

L’occasion d’un premier rassemblement pour sonner « la mobilisation collective », avec quelques poids lourds du PS annoncés. Mais sans François Lamy, ex-ministre de François Hollande, qui vient d’annoncer qu’il rejoignait la campagne de Yannick Jadot, un concurrent direct.

Lille permettra de « rassembler les différentes générations de la famille socialiste », assure sa directrice de campagne, Johanna Rolland.  

Redonner de la visibilité

Les adversaires d’Anne Hidalgo estiment qu’elle a raté son entrée dans la course présidentielle.  

« Vous êtes à 4 %, abonnée à 4 % et vous n’irez pas plus loin », lui a encore lancé mercredi l’ex-ministre LR Rachida Dati en plein Conseil de Paris, raillant « une campagne électorale désespérée et désespérante ».

De fait, la maire de Paris s’est montrée plutôt discrète depuis l’officialisation de sa candidature le 12 septembre à Rouen.

Ses proches défendent le « parti pris » d’un début de campagne « à bas bruit, sur le fond, sur le terrain », et promettent une « montée en puissance ».

Mais Olivier Faure prévient : « Dès le week-end prochain, il y aura des affiches collées, des tracts (notamment en Île-de-France). Je compte bien que l’entrée en campagne des socialistes produise quelques effets. »

« On va enfin pouvoir partir en campagne, les militants n’attendent que ça, on sait très bien le faire, on est super structurés », explique une cadre.  

L’entourage d’Anne Hidalgo assure qu’il n’y a « aucune espèce d’inquiétude ou de frilosité » autour de sa candidature, alors que côté écologiste, certains rêvent déjà de la voir rallier Yannick Jadot, pour l’instant légèrement plus haut dans les sondages.

« Dans son parti, on voit des cadres qui disent “on se voit bientôt”, qui laissent la porte ouverte », note une responsable EELV.

« Anne Hidalgo est hyper déterminée et va pouvoir faire la preuve qu’elle est dans le match », répond Johanna Rolland.

« Le pari que nous faisons c’est qu’à la fin, on se demandera, à gauche, qui est prêt à gouverner. Anne Hidalgo est la seule à avoir ces qualités », ajoute Olivier Faure.

La maire de Paris assure elle-même qu’elle « ira jusqu’au bout ».

Elle doit se rendre vendredi matin dans une maternité pour soutenir les sages-femmes en lutte pour plus de reconnaissance, puis s’envoler pour l’Espagne, pour parler écologie au Congrès du Parti socialiste espagnol à Valence.