(Washington) La CIA a démis de ses fonctions son responsable à Vienne, accusé de n’avoir pas pris au sérieux des cas du mystérieux « syndrome de La Havane » dans son équipe et au sein de l’ambassade, rapporte jeudi le Washington Post.

Des dizaines de cas, tant au sein des employés de la CIA que des diplomates et de leurs familles, ont été signalés à Vienne récemment, mais le responsable en question a pris l’information avec scepticisme et a fait preuve d’insensibilité, selon le Post, citant des sources au sein du renseignement américain.

Un porte-parole de la CIA interrogé par l’AFP a refusé de confirmer ou infirmer l’information.

Il a assuré que l’agence prenait au sérieux des dizaines de cas possibles de la mystérieuse maladie dans les missions diplomatiques américaines à travers le monde, notamment à Vienne, où les États-Unis ont une grande ambassade.

La visite de la vice-présidente des États-Unis Kamala Harris au Vietnam, retardée de plusieurs heures fin août par un « incident de santé anormal » signalé par l’ambassade américaine à Hanoï, avait braqué les projecteurs sur ce phénomène sur lequel Washington n’a toujours pas pu faire la lumière.

Tout commence quand en 2016 de premiers diplomates américains en poste à Cuba commencent à se plaindre de malaises.

Mais l’affaire n’éclate au grand jour qu’en 2017, lorsque Donald Trump rappelle la majeure partie de ses diplomates de La Havane pour répondre à cette nouvelle menace.

Plus de vingt employés du gouvernement américain et membres de leurs familles sont concernés à Cuba entre fin 2016 et mai 2018, ainsi que des diplomates canadiens.

En 2018, des symptômes similaires frappent une dizaine d’autres diplomates américains en Chine. Des cas sont successivement signalés en Allemagne, en Australie, en Russie, à Taïwan et même à Washington.

En juillet dernier, le journal The New Yorker rapportait déjà l’existence de plus d’une vingtaine de cas à Vienne, en Autriche, depuis le début de l’année.

Les diplomates concernés ont souffert de maux divers incluant des problèmes d’équilibre et de vertige, de coordination, de mouvement des yeux, ainsi que de l’anxiété, de l’irritabilité et ce que des victimes ont appelé un « brouillard cognitif ». Des lésions cérébrales ont même été diagnostiquées.

Selon un rapport de l’Académie des Sciences américaine, « l’énergie dirigée d’ondes radio » est la cause la plus probable de ces symptômes.

Depuis le début, les autorités américaines ont oscillé, certains responsables minimisant des symptômes parfois attribués au stress, d’autres évoquant en privé de possibles attaques et soupçonnant des pays comme la Russie.