(Paris) Ils voulaient « enclencher la “remigration” basée sur la terreur » : le procès inédit de six anciens membres du groupuscule d’ultradroite OAS (Organisation des armées sociales), accusés d’avoir planifié des attaques terroristes, a débuté mardi à Paris.

Depuis 2017, six enquêtes liées à des projets d’attentats d’ultradroite, dont celle sur l’OAS, ont été ouvertes par le parquet antiterroriste. Ce dossier OAS est le premier à être jugé.

OAS : un acronyme chargé

L’acronyme OAS rappelle délibérément celui de l’Organisation armée secrète, responsable d’une campagne sanglante contre l’indépendance de l’Algérie dans les années 1960.

Au premier jour d’audience, les prévenus, âgés de 23 à 33 ans, étaient tous présents au tribunal correctionnel de Paris. Poursuivis pour « association de malfaiteurs terroriste », les six jeunes hommes encourent jusqu’à dix ans d’emprisonnement.

Cinq d’entre eux comparaissent libres. Leur chef autoproclamé, Logan Nisin, aux cheveux bruns sagement coiffés et vêtu d’une chemise bleu ciel, comparaît lui derrière la vitre du box des prévenus.

Selon l’accusation, ce groupuscule, fondé en novembre 2016 et démantelé en octobre 2017, entendait « préparer physiquement, psychologiquement et matériellement des combattants […] dans les perspectives d’une guerre raciale imminente ».

Leurs cibles envisagées : des personnes musulmanes, juives, arabes, noires ou encore Christophe Castaner, alors porte-parole du gouvernement, et Jean-Luc Mélenchon, chef de file de la France insoumise.

Mardi, l’avocate de ce dernier a demandé la constitution de partie civile de son client, plaidant que Jean-Luc Mélenchon avait subi un réel préjudice.

« Comment ne pas considérer qu’un groupe aussi armé, aussi organisé, qui cible une personnalité pour ce qu’elle représente et ce qu’elle est, comment ne pas considérer que cela change sa vie publique, sa vie personnelle ? » a déclaré Me Dousselin, demandant au tribunal de se prononcer sur la constitution de partie à l’issue du procès.

C’est la seconde fois que M. Mélenchon souhaite se constituer partie civile (CPC) dans ce dossier.

Mardi, la procureure a demandé au tribunal de rejeter cette demande. « Le projet d’action violente visant M. Mélenchon tient sur les déclarations que deux prévenus ont bien voulu faire en garde à vue », et non pas sur des « éléments logistiques et techniques ».

« Si on admet la constitution en partie civile de Jean-Luc Mélenchon, est-ce que n’importe quelle personne de confession musulmane, juive, noire, peut venir à la barre et dire qu’elle a subi un préjudice ? », a insisté la procureure.

Prenant la parole, en citant des articles du code de procédure pénale, Logan Nisin a lui-même souligné qu’il s’était « auto-incriminé », avant de « revenir sur ces faits », estimant donc que ceux concernant Jean-Luc Mélenchon étaient « aujourd’hui contestés ».

Jean-Luc Mélenchon doit être entendu vendredi.