(Varsovie) Environ 2000 enseignants venus de toute la Pologne ont manifesté bruyamment mardi devant le ministère de l’Éducation, demandant des augmentations salariales, alors que leur grève, fortement suivie, entre dans sa troisième semaine.

Ils ont apporté des banderoles expliquant qu’ils «luttent pour une meilleure éducation» ou exprimant plus directement leur frustration par des slogans tels que «grands espoirs, petite paie», «y en a marre» ou encore «arrêtez de rabaisser les enseignants».

Des manifestations semblables ont eu lieu dans plusieurs autres villes de Pologne.

La plupart des écoles polonaises, y compris les maternelles, sont fermées depuis le 8 avril, les enseignants cherchant à obtenir une hausse de salaire de 30%.  

Selon le principal syndicat du secteur, ZNP, un enseignant confirmé touche en Pologne un salaire brut de 3500 zlotys, soit 1226 $ CAN, ce qui représente 70% du salaire moyen dans ce pays membre de l’UE comptant 38 millions d’habitants.  

«Nous voulons vivre dignement et être traités avec respect», a dit Monika Okoniewska, une enseignante de 36 ans venue de la ville de Lesznowola, dans la grande banlieue de Varsovie

À ses yeux, le gouvernement repousse leurs demandes. L’ancien directeur d’école Zygmunt Chlebowski, aujourd’hui retraité, pense la même chose.

Il avait pris un car à Torun, dans le nord, pour accompagner ses collègues dans la capitale. «Pour les enseignants, il n’y a rien de plus insupportable que n’être pas entendus. Nous écoutons tous les élèves, peu importe qui ils sont», dit-il.  

M. Chlebowski demande aux hommes politiques d’arrêter d’intervenir dans l’éducation nationale. Pour lui, les réformes introduites par le parti conservateur Droit et Justice (PiS, au pouvoir) «ont ruiné un système qui avait garanti un certain niveau de qualité».

Le gouvernement et les syndicats des enseignants ont eu plusieurs rencontres, mais sans le moindre progrès. Le PiS a proposé une «table ronde» élargie aux experts pour vendredi prochain.  

Le PiS a lancé ces dernières semaines une série de promesses d’importants avantages sociaux, accueillis par l’opposition comme une manœuvre politique en vue des élections européennes en mai et législatives en automne.  

Il a notamment annoncé une allocation mensuelle de 180 $ CAN par enfant, l’exonération de l’impôt sur le revenu pour les contribuables de moins de 26 ans, le versement d’un «treizième mois» pour les retraités, et des allocations pour les éleveurs de vaches et de cochons.