Les manifestations de gilets jaunes seront proscrites samedi sur l'avenue parisienne des Champs-Élysées et d'autres sites emblématiques, notamment à Bordeaux et Toulouse, hauts lieux de la contestation qui secoue le pays depuis quatre mois.

Ces décisions font suite à la dernière journée de mobilisation de ces opposants à la politique économique et sociale d'Emmanuel Macron, qui s'était soldée samedi dernier par des affrontements avec les forces de l'ordre et des pillages de boutiques de luxe sur les Champs-Élysées.

Les images de la très chic brasserie Fouquet's et de magasins en feu ont fait le tour du monde et suscité des critiques dans le pays sur l'inefficacité des mesures de maintien de l'ordre. Le préfet de police de Paris a été dans la foulée limogé par le gouvernement.

Dans l'espoir d'éviter un nouveau scénario violent, son successeur a décidé de fermer samedi les Champs-Élysées aux manifestants ainsi qu'un large périmètre aux alentours, incluant le palais présidentiel de l'Élysée et l'Assemblée nationale.

La circulation des véhicules sera par ailleurs interdite dans le secteur du palais de l'Élysée dès 1h du matin samedi.

«Il existe des raisons sérieuses de penser que ces violences et dégradations sont susceptibles de se reproduire à l'occasion des rassemblements annoncés» ce samedi, selon l'arrêté signé par le nouveau préfet de Paris, Didier Lallement.

Il en sera de même pour Nice, au sud-est du pays, qui accueille une visite officielle du président chinois Xi Jiping. Plusieurs périmètres de la ville seront interdits à toute personne, excepté aux résidants, avec un filtrage de l'accès par la police et des fouilles.

Les villes de Toulouse et Bordeaux, qui ont parfois rassemblé davantage de manifestants que la capitale et ont également été le théâtre de violences, ont pris des arrêtés semblables.  

À Toulouse, les manifestations ou rassemblements seront interdits sur la place du Capitole alors qu'une manifestation «non déclarée» est prévue à proximité.  

L'appel était cependant maintenu sur la page Facebook «Gilets jaunes Toulouse». Pour certains gilets jaunes, la masse des manifestants devrait plutôt éviter la place du Capitole, mais ils n'excluaient pas que d'autres groupes aillent à la confrontation.  

À Bordeaux, comme toutes les semaines depuis la fin novembre, la préfecture a publié un arrêté interdisant de manifester dans les rues du centre ville. Malgré cet arrêté pris chaque semaine, les gilets jaunes n'ont jamais cessé d'arpenter chaque samedi le centre de la capitale girondine sans déclarer leur manifestation.

Ceux qui braveraient ces interdiction s'exposent à une contravention pour «participation à une manifestation interdite» dont le montant a été porté jeudi de 38 à 135 euros (205 $ CAN), a averti la police.

À Paris, l'arrêté prévoit également l'«interdiction du port et du transport d'armes» y compris factices, des «munitions», ainsi que de «tous objets susceptibles de constituer une arme».

Les objets «destinés à dissimuler tout ou partie du visage afin de ne pas être identifié» et les «équipements de protection destinés à mettre en échec tout ou partie des moyens utilisés par les représentants de la force publique pour le maintien de l'ordre public» seront également prohibés.

Seront aussi interdits dans le secteur les «artifices de divertissement» et «articles pyrotechniques», ainsi que le transport de «substances dangereuses».  

Hors de ces périmètres, «le droit de manifester, qui est une liberté fondamentale, pourra s'exercer librement», a précisé la préfecture de Paris mais «tout attroupement donnant lieu à des débordements sera immédiatement dispersé».

Un groupe de gilets jaunes dit avoir déclaré en préfecture le parcours d'une manifestation qui doit relier samedi Denfert-Rochereau, au sud de la capitale, au Sacré-Coeur, au nord.