Le gouvernement autrichien a annoncé mercredi son retrait du pacte de l'ONU sur les migrations, qui sera formellement entériné en décembre et auquel le pays dit s'opposer, comme la Hongrie et les États-Unis, pour « défendre sa souveraineté » en matière d'immigration.

« Le gouvernement a convenu [...] de ne pas signer le pacte des Nations Unies sur la migration et ainsi de ne pas lier l'Autriche », a indiqué dans un communiqué la coalition dirigée par le chancelier conservateur Sebastian Kurz avec le parti d'extrême droite FPÖ.

La formation d'extrême droite faisait campagne depuis plusieurs semaines pour que Vienne boycotte ce texte considéré comme le premier document international sur la gestion des migrations.

Les pays de l'ONU, à l'exception des États-Unis, ont approuvé le document en juillet. Quelques jours plus tard, la Hongrie avait annoncé son retrait de cet accord, qui doit être entériné lors d'un sommet à Marrakech les 10 et 11 décembre. L'Autriche n'enverra aucun représentant à cette réunion, a indiqué le gouvernement.

Alors que le pacte n'a pas de caractère contraignant, Vienne justifie sa décision par « l'importance de défendre la souveraineté nationale de l'Autriche », selon le chancelier Kurz cité par le communiqué.

« L'Autriche refuse la possibilité que le pacte sur les migrations établisse un nouveau droit international contraignant ou puisse être interprété comme tel », a déclaré le vice-chancelier et patron du FPÖ, Heinz-Christan Strache, lors d'une conférence de presse.  

L'opposition a vigoureusement dénoncé cette annonce, accusant le gouvernement de porter atteinte à la réputation internationale du pays. L'eurodéputé vert Michel Reimon a estimé que la décision montrait que l'Autriche « ne fait pas seulement partie d'un bloc de l'Est réactionnaire, mais qu'elle le dirige ».  

La Commission européenne a jugé « regrettable » la décision de l'Autriche, pays qui occupe la présidence tournante de l'UE jusqu'à la fin de l'année.  

Berlin a également défendu cet accord négocié durant de longs mois, qui cherche à « trouver des solutions globales au phénomène des migrations ».

Vienne juge certains aspects du texte « en contradiction » avec le programme de la coalition qui a fait de la lutte contre l'immigration illégale une priorité.  Le vice-chancelier dit craindre que le document ne consacre « un droit à la migration ».

Au pouvoir depuis près d'un an, le gouvernement Kurz a durci les conditions d'accueil des immigrés, et les élus d'extrême droite tiennent régulièrement des propos stigmatisant les étrangers, notamment de religion musulmane.

Le gouvernement hongrois de Viktor Orban avait de son côté dénoncé un pacte jugé « dangereux », affirmant qu'il « incitera des millions de personnes à prendre la route ». La Pologne est également réticente.

Washington s'était retiré fin 2017 de l'élaboration du document en affirmant qu'il comprenait des dispositions contraires à la politique d'immigration de Donald Trump.

Le pacte de l'ONU préconise notamment de renforcer la coopération internationale pour gérer l'immigration. Il recense une série de principes - défense des droits de l'homme, des droits des enfants, reconnaissance de la souveraineté nationale, etc. - et comprend un catalogue de mesures pour aider les pays à faire face aux migrations : améliorer l'information, mesures pour mieux intégrer les migrants, échange d'expertises...