La candidate du parti nationaliste écossais SNP Mhairi Black, du haut de ses 20 ans, a été élue vendredi députée, faisant mordre la poussière à Douglas Alexander, l'une des figures centrales du Parti travailliste britannique.

Cette étudiante en sciences politiques à Glasgow remporte du même coup le trophée de la plus jeune élue au Parlement de Westminster depuis 1667.

Sans bagage politique ou presque, elle a profité de la vague SNP qui a déferlé sur l'Écosse, terre de gauche qui constituait jusque-là un fief solide du Labour. Un engouement indépendantiste qui intervient paradoxalement dans la foulée du référendum d'autodétermination de la région que le SNP a perdu en septembre.

Les électeurs de la circonscription sud de Paisley et Renfrewshire, près de Glasgow, l'ont préférée à celui qui occupait la fonction de ministre des Affaires étrangères du cabinet fantôme des travaillistes mais qui avait le tort, selon elle, d'être «un politicien carriériste» plus souvent à Londres qu'en Écosse.

Mhairi Black revendique son attachement à la terre qui l'a vue naître et grandir, Écossaise jusque dans sa manière de rouler généreusement les «r» typique de l'accent de la région septentrionale.

«Cette élection vise à faire entendre à Westminster, mieux que jamais auparavant, la voix de cette circonscription et de l'ensemble de l'Écosse», a-t-elle déclaré à la tribune à Paisley, non loin de Glasgow, juste après l'annonce de sa victoire.

«Je promets d'utiliser cette voix non seulement pour améliorer le sort de l'Écosse, mais aussi pour mener une politique progressiste qui profitera à l'ensemble des Britanniques», a-t-elle lancé sous les hourras de ses partisans.

Elle s'est engagée tôt dans la vie militante, mue par des idées profondément ancrées à gauche. Elle a défilé contre la guerre en Irak et travaillé pour l'organisation humanitaire Oxfam.

C'est donc tout naturellement que Mhairi Black, cheveux blonds et sourire éclatant, a rejoint la campagne du SNP pour le «oui» à l'indépendance. Abasourdie par la victoire du «non», elle se remettra vite en selle pour aller décrocher une seconde manche.

Certains critiquent son style brut de décoffrage, son manque de tact, voire son agressivité. Comme lorsqu'elle déclarait avoir été tentée de «mettre une beigne» à des responsables locaux du Labour opposés à l'indépendance écossaise. Des termes qu'elle dit aujourd'hui regretter, tout en plaidant la «passion», en guise de circonstance atténuante.

«Je n'essaie pas de devenir parlementaire pour faire carrière. Je déteste cette idée. Je veux juste aider», a-t-elle dit dans le Times.

À ceux qui critiquent son manque d'expérience, elle oppose sa détermination, et souligne que si elle est assez jeune pour «payer ses impôts» ou «aller en Afghanistan», elle peut bien s'asseoir sur les bancs de la Chambre des Communes.

Une perspective qui d'ailleurs ne l'effraie guère. «Ce n'est pas à moi d'être nerveuse, c'est aux autres, ceux qui devront rendre des comptes».