L'explosion en Bulgarie d'une usine de munitions, dont les procédures de sécurité venaient d'être critiquées, a fait quinze morts, choquant un pays où les accidents de ce type se multiplient.

«Treize hommes et deux femmes sont morts» dans le sinistre survenu mercredi soir dans la ville de Gorni Lom (nord-ouest), a annoncé jeudi le directeur de la Défense civile, Nikolay Nikolov.

Trois ouvrières qui se trouvaient devant le portail de l'usine au moment de l'accident ont par ailleurs été blessées, mais leurs vies ne sont pas en danger.

Une «erreur humaine» est sans doute à l'origine du drame, a indiqué M. Nikolov. Selon un électricien de l'usine, dont le témoignage a été confirmé par des familles de victimes, «des jeunes sans formation ont été embauchés dernièrement» sur le site.

M. Nikolov a décrit une déflagration «extrêmement puissante» : «Deux bâtiments n'existent plus. Des éclats d'un poids de 200 kg ont été projetés à des centaines de mètres».

Plus de 800 000 mines anti-infanterie et anti-char se trouvaient dans l'usine au moment de l'explosion, selon la justice. L'établissement remplissait un contrat de désamorçage de 1,5 million de mines signé avec la Grèce, dont plus de 600 000 avaient déjà été détruites.

L'examen du site se poursuivait jeudi soir, avec l'espoir «minime» de retrouver des survivants, et alors que des questions se posaient sur la sécurité du site.

Nombreuses irrégularités

Le ministre des Affaires sociales, Yordan Hristoskov, a ainsi rapporté que de nombreuses irrégularités concernant les mesures de sécurité au sein de cette entreprise avaient été relevées il y a deux semaines.

Le président bulgare, Rossen Plevneliev, s'est indigné pour sa part d'un drame qui «n'est malheureusement pas un précédent».

L'industrie d'armement bulgare, florissante à l'époque communiste, a été rachetée dans les années 1990 par des entrepreneurs privés aux capacités d'investissement limitées. La sécurité de ces établissements fait souvent l'objet de polémiques.

L'entreprise de Gorni Lom employait 50 ouvriers, qui produisaient et détruisaient des mines et des explosifs. Six personnes avaient été blessées dans deux précédentes explosions, en 2007 et 2010.

Cet été, une autre explosion avait fait dix blessés dans l'usine militaire Terem, à Kostenets (ouest).

«C'est ce qui arrive quand les règles de sécurité ne sont pas respectées», a dénoncé à Gorni Lom une retraitée interviewée par la télévision privée bTV : «Je travaillais dans cette usine quand elle appartenait à l'État, des règles de fer y étaient imposées et personne ne mourait».

«Mon fils a cherché du travail pendant trois mois et demi, il a finalement été obligé d'aller travailler là-bas. Je le suppliais de renoncer à ce travail dangereux, mais il avait une famille à nourrir», a déclaré à la même chaine une mère en larmes, vêtue de noir.

Dimitar Dimitrov, 59 ans, ancien ouvrier à l'usine, a perdu dans l'accident son fils Vassil, âgé de 26 ans. «Les conditions de travail sont actuellement très mauvaises», a-t-il dit à des journalistes. «Les ouvriers travaillent beaucoup pour 240 leva (169 $) par mois. Ils s'y résignent en l'absence d'autres possibilités d'emploi». La région est parmi les plus pauvres de l'Union européenne.

Le gouvernement a décrété une journée de deuil national vendredi. Alors que les élections législatives sont prévues dimanche, les principaux partis ont également décidé de mettre fin immédiatement à leur campagne.