Un tribunal turc a inculpé d'homicide involontaire trois des 25 personnes arrêtées à la suite de la plus grande catastrophe minière du pays à Soma et ayant fait au moins 301 morts, a annoncé dimanche le procureur.

«Vingt-cinq personnes sont actuellement en détention, dont trois ont été inculpées d'homicide involontaire», a indiqué à la presse le procureur de la ville de Soma (ouest de la Turquie) Bekir Sahiner.

Les secouristes ont achevé leur travail samedi après avoir retrouvé les corps des dernières victimes de la catastrophe minière de Soma, l'accident industriel le plus meurtrier de l'histoire de ce pays.

Des dizaines de procureurs ont été assignés vendredi pour enquêter sur l'incendie et l'explosion - qui aurait été provoqué par une défaillance électrique - dans la mine privée de Soma.

L'exploitant Soma Kömür Isletmeleri, accusé d'avoir privilégié la rentabilité au détriment de la sécurité de ses salariés, nie avec force toute négligence.

Le directeur général de la compagnie, Akin Celik, fait partie des cinq suspects que les procureurs ont envoyés devant un tribunal, demandant leur arrestation, a indiqué la chaine de télévision privée NTV.

«Nous avons tous travaillé très dur. Je n'ai pas vu un tel incident en 20 ans», avait déclaré M. Celik vendredi.

Le ministère du Travail a également nié toute responsabilité dans le drame, soulignant que la mine avait subi une inspection tous les six mois.

Un rapport d'expertise préliminaire sur l'accident, obtenu par le journal Milliyet, a mis en exergue plusieurs graves manquements aux mesures de sécurité, dont un manque de détecteurs de monoxyde de carbone.

La catastrophe a soulevé une vague de colère populaire en Turquie, non seulement contre l'entreprise Soma Kömür Isletmeleri, mais également contre le régime islamoconservateur de Recep Tayyip Erdogan.

Dimanche, l'accès au site de Soma était verrouillé, des barrages ayant été mis en place sur les routes principales menant à la ville où toutes les manifestations ont été interdites, selon des correspondants de l'AFP sur place.

Seuls les enquêteurs et forces de sécurité membres étaient autorisés à accéder au site après le départ des équipes de secours.

Vendredi, les forces de l'ordre ont violemment dispersé, à grand renfort de gaz lacrymogène et de canons à eau, 10 000 personnes qui s'étaient rassemblées à Soma pour exiger la démission du gouvernement de M. Erdogan.

Vingt-quatre heures après ces violents incidents, 36 personnes, dont 8 avocats, ont été brièvement détenues samedi pour avoir tenté de faire une déclaration publique, en violation d'un ordre du gouverneur interdisant tout rassemblement.