Les services de renseignement américains ont espionné au moins à partir de 2002 l'ex-chancelier allemand Gerhard Schröder, prédécesseur d'Angela Merkel, a révélé mardi soir la chaîne de télévision publique allemande NDR.

Le nom de M. Schröder, chancelier social-démocrate de l'Allemagne de 1998 à 2005, apparaît sur une liste de personnes et d'institutions mises sous surveillance par la NSA au moins depuis 2002, début de son deuxième mandat et date à laquelle il s'est opposé à une intervention de son pays en Irak, selon NDR.

Le NSA est au coeur d'un vaste scandale d'espionnage depuis l'été 2013, les révélations de son ancien collaborateur Edward Snowden ayant mis en lumière des pratiques d'espionnage à grande échelle, notamment de dirigeants étrangers dont la chancelière allemande. Ces révélations ont suscité un tollé en Allemagne et profondément affecté la relation entre les deux pays, traditionnellement très forte.

Les recherches de NDR, menées conjointement avec le quotidien Süddeutsche Zeitung, ont montré que, contrairement à ce qui était supposé jusqu'alors, Mme Merkel n'était pas surveillée avant de devenir chancelière, mais que derrière le code «388» de la «liste de cibles» se cachait avant 2005 son prédécesseur.

«À l'époque l'idée ne me serait jamais venue, mais maintenant cela ne m'étonne plus», a réagi M. Schröder, interrogé par NDR et le Süddeutsche Zeitung.

«D'après mes informations, il est avéré que le chancelier Schröder et certainement aussi d'autres ont été espionnés», a déclaré pour sa part à l'antenne de NDR le député Vert et spécialiste des questions de sécurité Hans-Christian Ströbele, dont le parti formait à l'époque le gouvernement avec le Parti social-démocrate de M. Schröder.

Dans un récent entretien accordé à la télévision allemande, le président Barack Obama avait assuré Mme Merkel qu'elle n'était plus surveillée, et ne le serait plus «tant qu'il serait président», mais averti que, de manière générale, la NSA poursuivrait ses activités de surveillance à l'étranger.