Les avocats du chef du gouvernement italien Silvio Berlusconi ont contesté mardi lors de la deuxième audience du procès du scandale sexuel Rubygate la compétence du tribunal de Milan (nord) pour le juger.

M. Berlusconi, poursuivi dans cette affaire pour recours à la prostitution de mineure et abus de pouvoir, était absent pour cause de visite officielle en Roumanie.

Selon l'accusation, il aurait payé à une dizaine de reprises les prestations sexuelles de Karima El Mahroug, alias Ruby, entre février et mai 2010, alors qu'elle était mineure, un délit passible de trois ans de prison en Italie. Tous deux nient avoir eu des rapports sexuels.

Il est également poursuivi pour avoir fait pression sur la police milanaise afin qu'elle libère Ruby, arrêtée pour vol. Il a expliqué par la suite être intervenu pour éviter un incident diplomatique, croyant que la jeune marocaine était la nièce de l'ex-président égyptien Hosni Moubarak.

L'audience était consacrée aux «questions préliminaires». La défense de M. Berlusconi, assurée par les avocats Niccolo Ghedini et Piero Longo, a ainsi soulevé la question de la compétence du tribunal de Milan.

D'abord la compétence territoriale, car les parties fines autour du magnat des télévisions sont censées avoir eu pour théâtre sa villa d'Arcore, dans la banlieue de la capitale économique et non à Milan même. Mais aussi la compétence «fonctionnelle» pour l'abus de pouvoir -délit pour lequel il encourt douze ans de prison- puisque M. Berlusconi aurait agi en sa qualité de chef du gouvernement.

Me Ghedini a posé «16 questions préliminaires», concernant la compétence fonctionnelle et territoriale du tribunal, mais aussi les écoutes téléphoniques, la violation présumée de la correspondance, chacune de ces questions étant illustrée par des centaines de pages de dossiers.

Il a insisté sur «l'incompétence fonctionnelle» du tribunal de Milan, assurant qu'il revenait au Tribunal des ministres de juger, le cas échéant, le chef du gouvernement.

«Soit Silvio Berlusconi a appelé la police en tant que citoyen, personne privée et il n'y a pas d'abus de pouvoir car ce délit ne peut être commis que par un responsable public, soit il a appelé en tant que chef du gouvernement, alors la compétence est du tribunal des ministres», a déclaré l'avocat.

Lorsqu'une affaire est jugée par le tribunal des ministres, un collège de magistrats institué pour l'occasion, le procès ne peut débuter qu'avec l'autorisation du Parlement. Dans le cas de M. Berlusconi qui dispose d'une solide majorité au parlement, cette autorisation n'a pratiquement aucune chance d'être votée.

Le tribunal a par ailleurs rejeté mardi la demande de constitution de partie civile de l'organisation féministe Arcidonna au motif que celle-ci ne compte pas parmi ses objectifs la protection des mineurs.