L'ancien patron de l'ONG Reporters sans frontières, le Français Robert Ménard, publie le 5 mai un pamphlet intitulé Vive Le Pen! et dénonce «la censure des médias bien pensants» dont est, selon lui victime, le Front national (FN, extrême droite) de Marine Le Pen.

«Les diatribes contre mon livre, alors que personne ne l'a encore lu, c'est exactement ce que je dénonce», souligne Robert Ménard à l'AFP.

«Si vous pensez que certaines idées du FN peuvent être défendues, vous êtes tout de suite considéré comme un facho», s'exclame celui qui défendait la liberté de la presse à la tête de RSF, et qui est aujourd'hui chroniqueur dans plusieurs médias.

L'hebdomadaire Le Nouvel Observateur, qui a reçu les épreuves du livre de Ménard, estime que ce petit ouvrage, co-écrit avec sa femme Emmanuelle Duverger -rédactrice en chef de la revue trimestrielle «Médias»-, «risque d'enchanter les frontistes».

Le début du pamphlet, cité par l'hebdomadaire, résume son propos. «Oui, vive Le Pen! Comme une bravade, comme un gant jeté au visage de ce monde de la presse qui joue les matamores face au Front national...»

«Dès que vous invitez sur un plateau une personnalité du FN ou proche de lui, il faut se justifier», rétorque Robert Ménard. «C'est un procès en sorcellerie et je suis excédé par tout cela».

«C'est la censure des médias bien pensants, de la petite élite médiatique», poursuit le journaliste, âgé de 58 ans.

«Ce pamphlet, ce n'est pas une défense du Front national (...), mais la mise en évidence de la difficulté de lui accorder la même place dans les médias que celle donnée aux autres partis politiques», ajoute-t-il.

«Emmanuelle et moi, nous ne virons pas extrême droite», assure l'ex-patron de RSF, estimant cependant que «Marine Le Pen, comme Jean-Luc Mélenchon (gauche), disent nombre de choses marquées au coin du bon sens. Et nier les changements au FN aujourd'hui, avec Marine Le Pen, c'est nier l'évidence».

Marine Le Pen, qui a succédé à son père Jean-Marie à la tête du Front national en janvier dernier, est portée par des sondages favorables la donnant au 2è tour de la présidentielle de 2012 et par une percée aux dernières élections locales. Elle est de plus en plus présente dans les médias, jusque dans la presse féminine.

Photo: archives AFP

Robert Ménard.