Les deux hommes suspectés d'être à l'origine de la falsification de fichiers de Clearstream, une machination visant notamment le président français Nicolas Sarkozy, se sont mutuellement accusés de mentir mercredi, au troisième jour de leur procès devant le tribunal de Paris.

L'une des tâches les plus ardues du tribunal correctionnel sera de délimiter le rôle des deux hommes et de dire qui, de l'ancien vice-président du groupe aéronautique EADS Jean-Louis Gergorin ou de son employé, l'ex-trader Imad Lahoud, a été le véritable instigateur de la falsification. En 2003, Imad Lahoud récupère - auprès d'un ancien stagiaire chez Clearstream et d'un journaliste - des fichiers, qui ont ensuite été falsifiés avant d'atterrir un an plus tard - de manière anonyme - chez un juge parisien.

Ces faux documents comportaient les noms de dizaines de personnalités, dont Nicolas Sarkozy, prétendues bénéficiaires de pots-de-vins dans une vente d'armements, versés auprès de l'institution luxembourgeoise Clearstream.

Mercredi, l'ex-trader a affirmé avoir récupéré ces listings authentiques de comptes clients sur «ordre» des services secrets français et de Jean-Louis Gergorin, puis avoir, en mars 2004, ajouté les noms patronymiques de Nicolas Sarkozy dans les listings, à la demande de l'ancien vice-président d'EADS.

«Je ne suis pas la source que décrit Jean-Louis Gergorin», «j'ai conservé tous ces documents» pour lui, mais «je n'ai pas fabriqué les listings Clearstream», a déclaré Imad Lahoud.

«Tout ce que dit M. Lahoud est faux, tout est inventé», a alors réagi l'ancien vice-président d'EADS.

Cherchant à minimiser sa responsabilité dans la falsification, Imad Lahoud a ajouté: «Je reconnais avoir recopié sur une feuille Excel un modèle papier que m'a donné Jean-Louis Gergorin avec les patronymes Stéphane Bocsa et Paul de Nagy», qui sont des éléments du nom complet de Nicolas Sarkozy.

«On m'a présenté un document et je l'ai recopié à la demande de Jean-Louis Gergorin», a martelé l'ancien trader, assurant n'être qu'une «petite main» et «en aucun cas l'auteur de cette affaire».

Si l'on sait aujourd'hui que les lettres anonymes et les faux listings ont été envoyés au juge par Jean-Louis Gergorin, qui le reconnaît, et que des traces des listings ont été retrouvées dans l'ordinateur d'Imad Lahoud, on ignore toujours précisément lequel a introduit dans les listings les noms d'une centaine de personnalités, dont Nicolas Sarkozy, afin de faire croire qu'elles détenaient des comptes occultes.