Le président français Nicolas Sarkozy fait sa rentrée à l'Élysée mardi en s'attaquant aux bonus versés dans un secteur bancaire qui a touché des aides de l'État, à un mois d'une nouvelle réunion du G20 où il affiche l'ambition de placer la France en modèle de vertu financière.

Après le conseil des ministres de rentrée, Nicolas Sarkozy a convoqué à la présidence les dirigeants des grandes banques du pays, pour la septième fois en moins d'un an. L'occasion, selon ses services, d'un énième rappel à l'ordre aux banquiers sur la question des bonus.

Le ministre du Budget, Eric Woerth, a assuré que le président Nicolas Sarkozy allait «mettre les choses au point» sur les rémunérations variables «souvent indécentes» dans le monde financier.

«Il faut absolument que (...) toutes les banques internationales qui ont pignon sur rue régulent des rémunérations variables qui sont souvent indécentes, incompréhensibles pour les uns et pour les autres», a déclaré le ministre sur la chaîne d'information d'informations en continu i-télé.

Après le scandale des 70 millions de bonus versés aux traders de Natixis en mars, BNP Paribas, bénéficiaire à hauteur de 5,1 milliards d'euros du plan de soutien de plus de 20 milliards accordé aux banques françaises fin 2008, a relancé la polémique début août. Les médias avaient alors révélé l'intention de la banque de provisionner une enveloppe d'un milliard d'euros pour les bonus de ses équipes.

Les bonus versés par des banques qui ont bénéficié de l'aide de l'État créent «un sentiment d'injustice très fort», a souligné Eric Woerth.

Rien n'a cependant filtré d'une réunion préparatoire, lundi, des banquiers avec la ministre de l'Économie Christine Lagarde.

Le porte-parole de l'UMP (droite au pouvoir) Frédéric Lefebvre a estimé lundi qu'«il faut aller beaucoup plus loin» en termes de réglementation des rémunérations variables, et a avancé l'idée que l'État cesse de «travailler» avec les banques qui ne joueraient «pas le jeu».

Les banquiers pourraient eux faire des propositions afin d'éviter un plafonnement des rémunérations variables, selon une source proche du dossier.

Ils pourraient également accepter un renforcement du pouvoir de contrôle du comité des rémunérations et du conseil d'administration de chaque établissement. Les bonus sont aujourd'hui essentiellement distribués de manière discrétionnaire.

La France veut donner l'exemple mais «cela ne veut pas dire qu'il faut dépeupler les salles de marché françaises pour aller repeupler les salles de marché anglaises», a toutefois souligné M. Woerth.

Les banquiers ne cessent de répéter qu'une réglementation uniquement nationale ne ferait qu'handicaper la France par rapport aux pays qui distribuent de forts bonus et attirent les traders.

Paris compte surtout sur des mesures internationales qui devraient être discutées au sommet du G20 prévu à Pittsburgh (États-Unis) en septembre.

M. Sarkozy devrait également rappeler à l'ordre les banques françaises sur leur engagement à faire progresser de 3 à 4% en 2009 le volume des crédits aux ménages et aux entreprises. Avec la crise économique internationale, les banques reconnaissent désormais tabler sur une hausse comprise entre 1 et 2%.

L'opposition socialiste a pour sa part dénoncé le «double langage» du gouvernement avec «un langage très ferme» d'un côté et de l'autre «des actes très mous».