La socialiste française Ségolène Royal enchaîne les coups d'éclat en présentant, après une démarche similaire en Afrique, les «excuses» des Français à l'Espagne pour des propos prêtés à Nicolas Sarkozy: une stratégie dénoncée par la droite et suscitant une certaine gêne à gauche.

Pour s'être excusée au nom des Français samedi, dans une lettre au chef du gouvernement espagnol, Mme Royal a déclenché un concert de condamnations de la droite au pouvoir. Selon le journal de gauche Libération, dont les affirmations ont été démenties par l'Elysée, M. Sarkozy aurait observé lors d'un déjeuner avec des parlementaires que M. Zapatero n'était «peut-être pas très intelligent» mais qu'il avait été réélu, au cours d'une conversation sur la suppression de la publicité à la télévision en Espagne, décidée selon lui sur l'exemple de la France.

Ces propos, dans lesquels M. Sarkozy aurait aussi égratigné Barack Obama et Angela Merkel, ont été largement commentés dans la presse européenne.

Dans sa lettre au dirigeant socialiste espagnol, Mme Royal l'assure que ces «propos injurieux» n'engagent «ni la France, ni les Français».

Le 6 avril, au Sénégal, elle avait déjà demandé «pardon» aux Africains pour un discours controversé prononcé par M. Sarkozy à Dakar en 2007. Le président y jugeait que l'homme africain n'était «pas assez entré dans l'histoire».

«Ségolène Royal continue à rechercher par le biais de déclarations scandaleuses l'attention des médias», elle «insulte nos institutions républicaines et nuit gravement à l'image de la France», a déclaré Dominique Paillé, un porte-parole de l'UMP, le parti de M. Sarkozy.

L'ex-adversaire de Nicolas Sarkozy au second tour de la présidentielle de 2007, «révèle sa vraie nature: une femme dévorée d'ambition qui n'admet pas le choix populaire», a-t-il ajouté.

Xavier Bertrand, numéro un de l'UMP, a à son tour jugé l'épisode «consternant» et qualifié Mme Royal de «spécialiste de la manipulation», «prête à tout pour faire parler d'elle».

Mme Royal «se ridiculise et déshonore notre pays», a quant à lui estimé un membre du gouvernement, le secrétaire d'État à l'Outre-mer Yves Jégo.

À gauche, la socialiste n'a reçu qu'un soutien circonstancié du Parti socialiste, dont elle s'est désolidarisée depuis sa candidature à la présidentielle, puis son échec à l'automne à prendre la tête du parti.

Benoît Hamon, porte-parole du PS, a dénoncé «les commentaires machistes» et «extrêmement désobligeants» de l'UMP envers la socialiste, se contentant par ailleurs de dire qu'en exprimant «une solidarité à l'égard de M. Zapatero pour l'essentiel», elle était «en phase, en résonance, avec tout ce que l'on peut lire dans la presse internationale».

La numéro un du PS, Martine Aubry, sa rivale qui avait approuvé le «pardon» pour le discours de Dakar, est cette fois restée silencieuse.

Le ministre des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, a de son côté affirmé que les propos de M. Sarkozy avaient été mal compris: «Oui, c'est comme ça qu'il parle, en effet, il est jeune et vivant, ça fait une différence», a déclaré M. Kouchner sur la chaîne Canal+.

La phrase du président sur M. Zapatero était «une façon de dire +il l'est+ (intelligent, ndlr), il a été élu deux fois et il vient de supprimer la publicité à la télévision», a-t-il affirmé. Il a assuré que la polémique n'aurait aucun effet sur la prochaine visite de M. Sarkozy à Madrid.

Le gouvernement espagnol a refusé de s'exprimer, mais l'affaire a suscité des commentaires acerbes dans la presse et de la part de parlementaires  à Madrid.