Dix ans après, la Serbie considère toujours les bombardements de l'Otan qui visaient à desserrer son emprise sur le Kosovo comme une «attaque illégale», a souligné mardi son Premier ministre Mirko Cvetkovic en marquant la date anniversaire de l'évènement.

Les commémorations ont débuté en début de matinée par une minute de silence dans les écoles serbes, tandis que le gouvernement serbe tenait une réunion spéciale sur cet événement.

«L'attaque contre notre pays était illégale, contraire au droit international et perpétrée sans une décision de l'ONU», a déclaré à cette occasion M. Cvetkovic.

«Les frappes aériennes n'ont pas résolu les problèmes au Kosovo et n'ont pas aidé à instaurer la paix et le respect des lois. Au contraire, elles ont provoqué des nettoyages ethniques, des violations grossières des droits de l'Homme et des normes internationales, ainsi que de nouvelles tensions», a-t-il déploré.

A midi (11H00 GMT) à Belgrade, le hurlement des sirènes s'est fait entendre, rappelant les sirènes de 1999 qui annonçaient la fin des bombardements.

Mais dans le centre de Belgrade, la plupart des passants vaquaient à leurs occupations, comme indifférents à cet anniversaire, a constaté l'AFP.

Plusieurs représentants du gouvernement se rendront dans la journée déposer des gerbes devant les monuments aux victimes militaires, policières et civiles des bombardements.

Un groupe d'ultra-nationalistes devait organiser pour sa part une manifestation contre l'Otan dans le centre de Belgrade mardi après-midi.

«Les victimes, le passé et l'avenir de nos enfants nous obligent à ne plus jamais permettre la répétition de tels événements», a souligné M. Cvetkovic.

Il a rappelé qu'au cours des onze semaines de frappes aériennes, 1.002 membres de la police et de l'armée ont été tués ainsi que 2.500 civils, dont 89 enfants. De plus, 12.500 personnes ont été blessées.

Les frappes ont causé des dégâts matériels se chiffrant à 30 milliards de dollars (22 milliards d'euros), a précisé M. Cvetkovic, en soulignant que tous ces dommages n'étaient toujours pas effacés dix ans après.

L'Otan avait déclenché la campagne de bombardements le 24 mars 1999, après le refus du président Slobodan Milosevic de signer un accord mettant un terme à la répression des forces serbes contre l'Armée de libération du Kosovo (UCK), l'organisation indépendantiste albanaise.

A New York, à la veille de l'anniversaire, le président serbe Boris Tadic a qualifié l'événement de «campagne militaire tragique» lors d'une réunion du Conseil de sécurité de l'ONU sur la situation au Kosovo.

Pour de nombreux analystes, l'intervention de l'Otan était nécessaire pour prévenir de nouveaux évènements tel ceux qui se sont produits à Srebrenica (est de la Bosnie) où près de 8.000 Musulmans ont été massacrés en juillet 1995 par les forces serbes dans le cadre d'une des pires atrocités en Europe depuis la II guerre mondiale.

L'intervention de l'Otan s'est terminée en juin par le retrait des forces serbes du Kosovo. Le territoire, placé depuis sous administration de l'ONU, a proclamé unilatéralement son indépendance d'avec la Serbie en février 2008.

Celle-ci a été reconnue par plus de cinquante Etats, dont les Etats-Unis et la majorité des pays de l'Union européenne mais par la Serbie qui, soutenue par la Russie, considère le Kosovo comme partie intégrante de son territoire.