Après avoir survécu aux actions irréfléchies de traders fous, surmonté tant bien que mal la crise financière et résisté à l'indignation populaire suscitée par leurs bonus, les banquiers français doivent composer avec une nouvelle menace: les termites.

Ou plutôt les «termitiers», pour reprendre le terme utilisé par la Brigade de répression du banditisme afin de désigner des cambrioleurs qui ciblent ces établissements en passant par le sous-sol.

 

La semaine dernière, dans la nuit de samedi à dimanche, un groupe de voleurs a réussi à s'introduire dans les locaux d'une succursale de BNP Paribas située dans le 13e arrondissement de Paris en creusant un passage à partir des égouts.

Ils n'ont pu aller cependant très loin puisqu'une alarme s'est déclenchée avant qu'ils ne puissent pénétrer dans la salle des coffres, précipitant l'intervention des forces de police. Les voleurs ont laissé des outils sur place dans leur retraite précipitée, ponctuée par une faible explosion.

La tentative de vol survenait une semaine après une opération similaire contre une succursale du Crédit lyonnais, non loin de la place Vendôme, au coeur de la capitale.

Un groupe de malfrats a réussi, en creusant un passage à partir d'une cave voisine, à pénétrer dans la salle des coffres et à s'emparer d'une quantité indéterminée d'or, d'argent et de titres.

Selon la police, les voleurs ont séquestré un agent qui avait entendu du bruit avant d'explorer calmement, sur une période de plusieurs heures, le contenu des coffres. Ils ont finalement pris la fuite après avoir mis le feu pour brouiller les pistes et compliquer la tâche des enquêteurs.

Les autorités estiment que l'action contre la succursale du Crédit lyonnais reflète étroitement le modus operandi utilisé en janvier pour une autre opération contre une banque située à Montreuil, à l'est de Paris. Plusieurs centaines de coffres avaient alors été vidés à l'issue d'une entrée souterraine dans l'établissement.

Nombre de médias français évoquent, en parlant des tentatives des dernières semaines, le «casse du siècle» réalisé dans les années 70 à Nice par Albert Spaggiari.

Ce Français d'origine italienne demeure célèbre dans le pays pour sa téméraire attaque contre une succursale de la Société générale qui lui avait permis d'empocher, avec l'aide de plusieurs complices, plus de 10 millions de dollars.

Le groupe avait procédé de manière méticuleuse pour réussir à s'introduire dans le salle des coffres, creusant, sur une période de trois mois, un tunnel long de huit mètres auquel il accédait par un long parcours dans les égouts de la ville.

Spaggiari avait laissé sur les murs la mention «Sans armes, ni haine, ni violence» pour narguer les enquêteurs. Ils finiront par le retrouver quelques mois plus tard après avoir coffré deux complices qui l'avaient dénoncé.

L'ingénieux bandit a par la suite réussi à s'échapper en sautant d'une fenêtre lors d'une rencontre avec le juge d'instruction chargé de son dossier.

Il mourra finalement en exil en Italie plus de 10 ans plus tard. Mais pas avant d'avoir nargué à répétition les autorités en multipliant les entrevues aux médias français, dont une à l'émission Apostrophes de Bernard Pivot pour souligner la sortie d'un livre sur sa vie.