Lorsque les chercheurs se sont «partagé» l'Afrique de l'Ouest pour mener leurs essais cliniques de vaccins expérimentaux contre l'Ebola, personne ne voulait vraiment de la Guinée - là où est pourtant née l'épidémie virale, mais un pays dont les infrastructures en santé étaient jugées rudimentaires, et où la population faisait preuve d'une certaine résistance aux équipes médicales.

Six mois plus tard, il semble bien que c'est dans ce pays que résident les meilleurs espoirs de sortir du lot le bon vaccin contre la fièvre hémorragique souvent mortelle. Et ce vaccin si prometteur est canadien - il a été fabriqué au Laboratoire national de microbiologie, à Winnipeg.

La docteure Marie-Paule Kieny, de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), est «fermement convaincue» que les équipes de chercheurs installés en Guinée sortiront le numéro gagnant.

Mme Kieny raconte qu'au début, les chercheurs craignaient que les Guinéens se montrent résistants à la vaccination, ce qui ne s'est pas du tout avéré.

Lorsque les différents partenaires dans la recherche d'un vaccin se sont «partagé l'Afrique de l'Ouest», en octobre dernier à Genève, les chercheurs américains des Instituts nationaux de la santé (NIH) ont choisi le Liberia pour tester deux vaccins très prometteurs - le premier conçu par les NIH et développé par la multinationale GSK, le second créé à Winnipeg et développé par les pharmaceutiques NewLink Genetics et Merck.

Les Centres (américains) pour le contrôle des maladies (CDC) ont opté pour la Sierra Leone, où ils testent aussi le vaccin créé à Winnipeg, le «rVSV-ZEBOV».

La Guinée demeurait le seul joueur qui n'avait pas été repêché, ce qui aurait été injuste et politiquement indéfendable. Un consortium mené par l'OMS a alors accepté de mener dans ce pays deux essais cliniques - le premier prévoyant la vaccination des travailleurs en santé de première ligne, et l'autre une campagne de vaccination auprès de personnes qui avaient été en contact avec le virus.

C'est ce dernier essai clinique qui semble offrir le plus de promesses: le «rVSV-ZEBOV» pourrait effectivement protéger les humains contre l'Ebola aussi bien qu'il l'a fait pour les primates.