La chef médicale du Liberia s'est mise en quarantaine pour 21 jours après la mort de son assistant causée par le virus Ebola, alors que les cliniques n'arrivent pas à fournir l'aide nécessaire aux nouveaux patients.

Bernice Dahn, une sous-ministre de la santé qui a représenté le Liberia dans des congrès régionaux de lutte contre la fulgurante épidémie, n'avait pas de symptôme, mais elle s'isole par mesure de précaution, a-t-elle dit samedi.

Selon l'Organisation mondiale de la santé (l'OMS), la durée maximale d'incubation du virus est de 21 jours. L'épidémie d'Ebola a déjà fait plus de 3000 morts en Afrique de l'ouest. Le Liberia est particulièrement touché. Vendredi, l'OMS a annoncé que 150 personnes sont mortes en seulement deux jours.

Le gouvernement libérien a demandé à ses citoyens de rester isolés pour 21 jours s'ils pensaient avoir été exposés. Malgré ces mesures, la virulence de l'épidémie rend difficile de retracer les gens avec qui les victimes du virus ont été en contact, afin de les isoler.

C'est tout de même cette règle qui a poussé Mme Dahn à se retirer chez elle pour trois semaines. Elle a affirmé avoir pris cette décision elle-même et demandé à son personnel de faire la même chose.

Les responsables de la santé, particulièrement les infirmiers et médecins de première ligne, sont particulièrement vulnérables à l'Ebola, qui se transmet par les fluides corporels. Plus tôt ce mois-ci, l'OMS rapportait que 300 travailleurs de la santé avaient été infectés dans les trois pays les plus touchés, soit la Guinée, le Liberia et la Sierra Leone. Près de la moitié sont morts.

Il est devenu particulièrement difficile d'obtenir l'équipement protecteur et autres fournitures nécessaires, car de nombreux vols en partance et à destination du Liberia ont été annulés. Six mois après le début de l'éclosion du virus, les offres d'aide humanitaire arrivent finalement, mais les lits pour les malades manquent cruellement et surtout, ils se remplissent plus vite que les cliniques sont construites.

Dans la capitale, Monrovia, des dizaines de patients s'écroulent à l'extérieur d'une clinique de Médecins sans frontière en attendant de savoir combien de nouveaux patients seraient admis. La clinique a 160 places. Samedi matin, 30 nouvelles places étaient disponibles. Cependant, seulement sept de ces lits étaient libérés par des survivants. Les autres sont morts.

Bien que les pays tentent d'envoyer plus de ressources pour aider les régions touchées à fournir, les besoins menacent d'être trop grands, voire insurmontables. Selon les données révisées par l'Associated Press, il y a présentement 820 lits au Liberia, en Guinée et en Sierra Leone, alors que 2900 seraient nécessaires. Un autre 737 lits ont été promis par la communauté internationale, ce qui signifie encore un manque de 2100.

La pénurie de travailleurs de la santé est également criante. De 1000 à 2000 personnes seraient nécessaires en Afrique de l'Ouest, selon l'ONU. Mais le recrutement de nouveau personnel est ardu, alors que plus de 200 professionnels de la santé sont morts en tentant de sauver la vie des victimes du virus.

Le Sénégal ouvre un corridor humanitaire pour acheminer de l'aide

Le Sénégal a ouvert un corridor humanitaire aérien pour permettre d'acheminer de l'aide dans les trois pays les plus touchés par le virus Ebola, après la fermeture de ses frontières le 21 août, a constaté samedi un journaliste de l'AFP.

Un avion du Programme alimentaire mondial (PAM) transportant du personnel humanitaire en provenance de Conakry, a atterri samedi après-midi sur le site du corridor humanitaire, installé sur une base militaire aérienne près de l'aéroport de Dakar, selon la même source.

Le corridor est fonctionnel «depuis deux jours» mais est encore en aménagement, selon un officiel sénégalais.

Il a été «ouvert dans le cadre de la solidarité internationale. Nous sommes tombés d'accord (avec les organisations internationales et des pays occidentaux notamment) pour (y) faire passer des équipements, des médicaments, un appui en ressources humaines pour sauver des vies humaines», a déclaré devant la presse la ministre sénégalaise de la Santé, Awa Marie Coll Seck.

Elle s'exprimait en présence de responsables sénégalais, de l'ONU et d'organisations humanitaires internationales.

De nombreuses rotations d'avions de pays et d'organismes internationaux, ayant promis d'acheminer de l'aide en Guinée, en Sierra Leone et au Liberia, à partir du corridor humanitaire, doivent avoir lieu dans les prochains jours, selon des responsables sénégalais.

Dakar avait annoncé le 8 septembre son ouverture pour permettre l'accès des organisations internationales à ces trois pays les plus touchés par l'épidémie d'Ebola qui a tué depuis le début de l'année près de 3000 personnes en Afrique de l'Ouest.

Cet accès avait été interrompu à partir de son territoire depuis la fermeture de ses frontières le 21 août.

Le Sénégal avait été touché fin août par le virus Ebola, «un cas importé», introduit dans le pays par un étudiant guinéen entré juste avant la fermeture des frontières avec la Guinée.

La guérison de ce Guinéen a été annoncée le 10 septembre par les autorités sénégalaises.

Le 1er septembre, la Côte d'Ivoire, non encore touchée par Ebola, avait annoncé l'ouverture de couloirs humanitaires avec la Guinée et le Liberia, tout en maintenant ses frontières fermées avec ces deux pays fortement touchés par l'épidémie.