Les États-Unis ont mis en garde jeudi la Russie sur l'Ukraine, prévenant, malgré l'accalmie sur le terrain, que les sanctions contre Moscou resteront en vigueur tant que les accords de paix de Minsk ne seront pas complètement appliqués.

La secrétaire d'État adjointe pour l'Europe Victoria Nuland, réputée pour être la diplomate américaine la plus dure contre la Russie et la plus en pointe sur la crise ukrainienne, a lancé cet avertissement devant la commission des Affaires étrangères du Sénat.

«Nous jugerons la Russie et les séparatistes sur leurs actes, pas sur leurs déclarations. Nous travaillerons avec l'UE pour le maintien des sanctions jusqu'à la mise en oeuvre complète des accords», a-t-elle martelé.

«Et bien entendu, les sanctions relatives à la Crimée resteront en vigueur aussi longtemps que le Kremlin imposera sa volonté sur ce bout de territoire ukrainien», a insisté la responsable du département d'État, à propos de cette péninsule absorbée par Moscou au printemps 2014 malgré les protestations des Occidentaux.

Mme Nuland a toutefois reconnu, comme l'avait fait son ministère mardi, que la situation s'était spectaculairement améliorée dans l'est de l'Ukraine, avec un cessez-le-feu respecté depuis plus d'un mois et un début de retrait des armes lourdes.

Mais, a-t-elle averti, «nous comprenons pourquoi après près de deux ans de violence, de guerre et de mensonges, beaucoup de patriotes ukrainiens et certains en Occident doutent que la Russie et ses intermédiaires n'appliquent jamais complètement (les accords) de Minsk», signés en 2014 et 2015 par Kiev, Moscou, sous les auspices de Berlin et Paris.

Le président ukrainien Petro Porochenko avait salué mercredi la «trêve véritable» et «l'accalmie totale» dans l'Est séparatiste prorusse, tout en estimant que la guerre ne serait finie qu'après la libération des terres ukrainiennes de l'«occupant» russe.

«La mise en oeuvre de Minsk vaut la peine parce que les alternatives sont sombres: au mieux, un conflit gelé (...) Au pire un retour de la guerre», a encore plaidé Mme Nuland.

Le conflit dans l'est de l'Ukraine a coûté la vie à plus de 8000 personnes en 18 mois.

Depuis le début de la crise politique en Ukraine, fin 2013, puis du conflit armé dans l'est en 2014, les États-Unis ont systématiquement condamné les agissements des séparatistes prorusses et dénoncé l'implication militaire de Moscou. Cela a provoqué la plus forte poussée de fièvre entre Washington et Moscou depuis la Guerre froide, notamment lorsque les Américains ont pris des sanctions contre des intérêts russes.