Un gigantesque incendie ravageait mardi un dépôt pétrolier près de Kiev, obligeant les autorités ukrainiennes à évacuer les civils de cette zone envahie par une épaisse fumée noire où le feu menaçait désormais un aérodrome militaire.

Au moins un employé du dépôt est mort et quatorze personnes ont été blessées dans ce sinistre qui s'est déclaré lundi soir dans un réservoir, les flammes se propageant ensuite et provoquant une série d'explosions mardi à une trentaine de kilomètres au sud-ouest de Kiev, selon le ministère de l'Intérieur.

Le ministre, Arsen Avakov, avait dans un premier temps annoncé sur Twitter la mort de «plusieurs pompiers», avant de parler de trois pompiers portés disparus.

Un hélicoptère survolait les lieux du désastre où plusieurs réservoirs continuent de brûler, a constaté un journaliste de l'AFP sur place. Les pompiers couraient de façon chaotique, visiblement incapables de maîtriser le feu alors qu'un autre dépôt pétrolier se trouve à proximité. Si le feu gagne ces installations, «ce sera foutu», s'est exclamé un colonel.

Quelque 1500 soldats de la Garde nationale ont pris position autour du site et des secouristes de trois régions voisines ont été dépêchés sur place.

«Il a été décidé d'évacuer les gens de la zone dans un rayon de deux kilomètres et de se préparer à l'évacuation de la zone dans un rayon de dix kilomètres si l'incendie se propage» davantage, a indiqué le chef du service des situations d'urgence Mykola Tchetchetkine, ajoutant qu'il y avait un risque de «nouvelles explosions».

Le conseil municipal de la ville voisine de Vassylkiv a conseillé aux femmes enceintes et aux enfants de quitter la «zone dangereuse» et aux autres habitants de ne pas sortir de chez eux.

Quatre personnes ont été hospitalisées dans un état très grave «avec 90 % du corps brûlé» et les blessés continuent d'affluer, ont indiqué les médecins de Vassylkiv, disant cruellement manquer de pansements et d'analgésiques.

L'autre tâche difficile pour les autorités est de ne pas laisser l'incendie atteindre un aérodrome militaire où sont basés des chasseurs MiG-29, situé «à 50 mètres de la zone envahie par le feu».

Face à la gravité de la situation, le ministre de la Défense Stépan Poltorak et le chef du Conseil de sécurité nationale et de défense Olexandre Tourtchinov se sont rendus sur place pour coordonner le travail des secouristes.

M. Tourtchinov a annoncé que les militaires procédaient à l'évacuation de «l'arsenal» de leur base et avancé deux principales hypothèses pour expliquer la catastrophe : une violation des normes de sécurité ou un «sabotage».

L'hypothèse d'un «attentat terroriste» a en revanche été écartée, selon la présidence.



«Impossible à maîtriser»

L'Ukraine «n'a pas connu un tel incendie depuis les années 1960», a affirmé Valéri Boris, responsable des pompiers de la région de Kiev, qui a dénoncé la violation des normes au moment de la construction des installations pétrolières où les réservoirs sont placés très près les uns des autres.

Plusieurs explosions se sont produites dans la matinée et des flammes et de la fumée noire ont progressivement recouvert une large zone autour du dépôt, selon des images de la chaîne de télévision ukrainienne 112.

Sur une autre vidéo, tournée par un responsable de la police locale et disponible sur YouTube, on voit des voitures de pompiers prendre feu et des secouristes s'enfuir en courant. «Il est impossible de maîtriser quoi que ce soit», s'écrie l'un des pompiers.

Interrogé par l'AFP, un responsable du dépôt a accusé les pompiers de ne pas avoir été prêts à faire face à un désastre de cette ampleur.

«Ils n'avaient pas de mousse, pas d'essence. Nous avons fait le plein de leurs véhicules, nous avons changé des pneus, mais cela n'a pas aidé. Il n'est plus possible de maîtriser cet incendie», a déclaré à l'AFP Olexandre Melnitchouk, responsable du marketing du groupe «BRSM-Nafta», l'un des copropriétaires du dépôt.

Fin avril, les pompiers avaient mis plusieurs jours à venir à bout d'un incendie de forêt à proximité de la centrale de Tchernobyl, théâtre de la pire catastrophe du nucléaire civil en 1986.