Le vice-président des États-Unis Joe Biden a dénoncé mercredi l'«agression pure et simple» du président russe Vladimir Poutine en Ukraine, en exhortant les pays occidentaux à se tenir prêts à imposer de nouvelles sanctions à Moscou.

Tenir tête à Poutine est «crucial pour s'assurer qu'il (ne prépare pas) encore une autre agression». «Nous voulons qu'il agisse plus rationnellement. Et s'il ne le peut pas, nous continuerons à résister à ce que j'appelle une agression pure et simple», a-t-il affirmé devant un centre de réflexion à Washington.

La Russie a annexé en mars 2014 la Crimée, une région située dans le sud de l'Ukraine, après l'arrivée d'un gouvernement pro-européen à Kiev. Depuis, des rebelles pro-russes ont lancé une offensive dans l'est du pays.

Biden a exhorté les dirigeants européens à conserver leurs sanctions contre Moscou jusqu'à ce que les accords de Minsk-2 visant à mettre fin au conflit, qui a fait plus de 6200 morts en un peu plus d'un an, soient pleinement respectés.

«Les sanctions contre la Russie doivent rester et resteront en place», a-t-il déclaré, en ajoutant que les pays occidentaux devaient se tenir prêts à imposer de nouvelles sanctions si «la Russie franchissait encore la ligne» rouge.

Poutine est «en son for intérieur» pragmatique, «il continuera jusqu'à ce qu'il rencontre une résistance», selon M. Biden.

«Le président Poutine fait le pari qu'il est le plus fort» et qu'en Ukraine il peut «survivre à l'actuel gouvernement réformiste pro-européen et le saper économiquement», a estimé M. Biden.

Le vice-président américain a aussi accusé le Kremlin «d'agacer» l'Europe en y finançant des partis potentiellement déstabilisateurs, en «nourrissant une machine de propagande de l'État russe particulièrement agressive» et en utilisant la corruption comme un outil de politique étrangère.

Le président Barack Obama avait dénoncé mardi l'attitude «de plus en plus agressive» de la Russie dans l'est séparatiste de l'Ukraine, lors d'une rencontre à Washington avec le secrétaire général de l'OTAN Jens Stoltenberg.

Ce dernier a jugé mercredi à Washington «profondément inquiétant» le comportement de la Russie en matière d'armes nucléaires ou d'exercices militaires.

Le projet de Moscou de déployer des missiles nucléaires à Kaliningrad, près de la frontière polonaise, et sa menace de stationner des bombardiers nucléaires en Crimée «changerait fondamentalement l'équilibre de la sécurité en Europe», a estimé M. Stoltenberg, qui s'exprimait devant un groupe de réflexion.

La «rhétorique nucléaire» russe, et les «exercices et opérations» militaires lancés par Moscou «sont très inquiétants», a-t-il aussi déclaré, rappelant que Vladimir Poutine avait affirmé avoir «envisagé la mise en alerte» des forces nucléaires russes lors de l'annexion de la Crimée.

«La Russie a aussi significativement augmenté le nombre de vols de bombardiers nucléaires et leur durée, sur la plupart du globe», «du Japon à Gibraltar, de la Crète à la Californie, de la Baltique à la Mer Noire», a-t-il dénoncé.

La Russie a oublié les leçons de la Guerre froide, et notamment que lorsqu'il s'agit d'armes nucléaires, «la prudence, la prévisibilité, et la transparence sont vitales», a indiqué M. Stoltenberg.

«Les bruits de botte russes sont injustifiés, déstabilisants et dangereux», a-t-il dit.

M. Stoltenberg a aussi critiqué les exercices militaires surprises des Russes, en violation des accords internationaux demandant l'annonce préalable de ces manoeuvres.

La Russie a utilisé cette technique pour déplacer des troupes pendant l'annexion de la Crimée, ou pour soutenir les séparatistes ukrainiens, selon lui.

M. Stoltenberg effectue une visite de trois jours à Washington. Il a rencontré mardi le président Barack Obama à la Maison-Blanche, qui a dénoncé l'attitude «de plus en plus agressive» de Moscou.

L'Ukraine subit encore aujourd'hui «des attaques continues contre son intégrité territoriale», malgré la fragile trêve en vigueur entre forces gouvernementales et séparatistes, a également déclaré mercredi à Kiev l'adjoint de M. Stoltenberg, Thrasyvoulos Terry Stamatopoulos.

Photo: AFP

Jens Stoltenberg