Les États-Unis ont indiqué mercredi qu'ils allaient renforcer leurs sanctions contre la Russie pour la punir de s'être emparée de la Crimée, assurant que Moscou souffrait déjà économiquement du fait de l'absorption de la péninsule ukrainienne.

«La question à ce stade n'est pas de savoir si nous allons prendre davantage de sanctions, la question est de savoir quand» Washington prendra ces mesures punitives contre Moscou, a martelé la porte-parole du département d'État Jennifer Psaki.

Lundi, l'administration américaine avait adopté des sanctions ciblées contre onze responsables russes et ukrainiens pro-russes, dont sept proches du président Vladimir Poutine. Le président Barack Obama avait alors indiqué être disposé à faire plus contre Moscou.

Son ambassadrice à l'ONU Samantha Power a réaffirmé mercredi que Washington «était prêt à prendre des mesures supplémentaires si la Russie poursuit son agression ou ses provocations».

D'après Mme Psaki, le rattachement de la Crimée à la Russie et les représailles des États-Unis et de l'Union européenne ont eu «un impact économique énorme» sur Moscou.

«Les 19 plus grandes fortunes de Russie ont perdu 18,3 milliards de dollars en raison de la volatilité des marchés le 3 mars, au premier jour des échanges boursiers après le début de l'intervention militaire russe en Crimée», a assuré la porte-parole américaine.

«Il y a plus de capitaux qui ont déjà fui la Russie cette année qu'au cours de toute l'année 2013 et les prévisions de taux croissance de la Russie en 2014 tournent autour de 1%, certains tablant même sur un taux négatif», a encore argumenté Mme Psaki.

Elle a ainsi conseillé au «président Poutine de tenir compte de tous ces facteurs s'il se préoccupe de l'économie de son pays, de son rang dans le monde et de l'impact économique sur la population».

Par ailleurs, au Conseil de sécurité de l'ONU, Mme Power a averti que «ce qui s'est passé en Crimée ne pouvait pas se répéter dans d'autres parties de l'Ukraine», une allusion à l'Est russophone du pays. Le secrétaire d'État John Kerry avait prévenu mardi qu'une éventuelle invasion russe dans l'est de l'Ukraine serait «gravissime» et représenterait «un énorme défi pour la communauté internationale».

«Un voleur peut dérober ce qui ne lui appartient pas mais cela ne lui donne pas de titre de propriété», a lancé Mme Power.

L'ambassadeur russe à l'ONU Vitali Tchourkine lui a répondu indigné que «ces insultes adressées à (son) pays étaient inacceptables». «Si la délégation des États-Unis souhaite notre coopération sur d'autres sujets au Conseil de sécurité, Mme Power doit comprendre cela», a-t-il averti.

L'ambassadeur français Gérard Araud a lui aussi affirmé que «l'acquisition de territoire résultant de l'usage de la force ou même de la simple menace ne saurait être reconnue».

A l'ouverture de la réunion au Conseil de sécurité, le vice-secrétaire général de l'ONU Jan Eliasson a souligné «l'importance d'ouvrir immédiatement un dialogue direct» entre Moscou et Kiev et d'«éviter de nouvelles provocations».

Le Conseil n'a jamais réussi à se mettre d'accord sur une position commune sur l'Ukraine, Moscou ayant usé de son droit de veto pour bloquer samedi une résolution occidentale.

Obama exclut une intervention militaire

Barack Obama a exclu toute intervention militaire de son pays en Ukraine mais a promis de travailler à édifier un vaste front diplomatique contre la Russie.

«Nous n'allons pas nous lancer dans une intervention militaire en Ukraine», a déclaré M. Obama lors d'une interview accordée à une chaîne de télévision locale de San Diego en Californie, affiliée à NBC News.

«Les Ukrainiens eux-mêmes reconnaissent qu'affronter la Russie avec des moyens militaires ne serait pas approprié et ne bénéficierait pas à l'Ukraine», a expliqué le président américain.

En revanche, «nous allons mobiliser nos ressources diplomatiques pour faire en sorte de disposer d'une solide coalition internationale qui enverra un message clair», a-t-il poursuivi.

«Le pouvoir ne confère pas automatiquement des droits. Nous allons continuer à augmenter la pression sur la Russie qui poursuit sur sa lancée», a expliqué M. Obama.