Les pays nordiques, terres de chasse où de nombreuses armes à feu sont en circulation, veulent donner un nouveau tour de vis législatif pour tenter d'éviter d'autres massacres après celui ayant frappé la Norvège le 22 juillet.

Dans toutes les capitales de la région, la double attaque perpétrée par un extrémiste de droite, qui a fait 77 morts, dont 69 tués par balle sur l'île d'Utoeya, près d'Oslo, a relancé le débat sur le contrôle des armes.

Pourtant, les gouvernements considéraient avoir déjà fait le nécessaire en adoptant des réglementations qu'ils estimaient strictes, que ce soit pour l'attribution de permis de possession d'armes ou les critères à respecter pour les conserver chez soi.

L'un des pays au monde où les habitants ont le plus d'armes chez eux, la Finlande envisage désormais de durcir encore la loi, deux mois seulement après l'entrée en vigueur de mesures motivées par des tueries perpétrées par des jeunes qui venaient de recevoir un permis de détention d'armes.

Elles avaient fait 9 morts dans un lycée en 2007 et 11 morts dans une école hôtelière en 2008.

Après le drame d'Utoeya, le ministre des Affaires étrangères Erkki Tuomioja a estimé que, «dans un pays civilisé comme la Finlande», les gens ne devraient plus pouvoir garder des armes chez eux, mais les laisser à leur club de tir ou de chasse.

Ces efforts des autorités ne vont pas sans susciter des résistances. Car par tradition, bon nombre de Suédois, de Norvégiens, de Danois, de Finlandais et d'Islandais ont coutume de garder des armes chez eux.

La chasse, en particulier, jouit d'une place particulière dans les mentalités locales, marquées par une pratique qui remonte à bien avant l'époque des Vikings.

La fédération suédoise des chasseurs, par exemple, compte 190 000 membres, qui ont droit à un maximum de six armes à feu chacun.

Le tir est aussi une activité prisée des Nordiques, y compris à ski.

«Il n'existe pas de législation qui pourrait empêcher un homme prêt, comme cela a été le cas en Norvège, à passer neuf ans de sa vie à préparer ses attaques», a estimé Erik Lakomaa, un responsable de la Fédération suédoise des sports de tirs, résumant l'opinion de ceux qui plaident en faveur d'un statu quo législatif.

Selon lui, «le moyen le plus facile de se procurer des armes aujourd'hui est de se tourner vers le marché illégal».

Le fait qu'Anders Behring Breivik, le Norvégien de 32 ans ayant commis le carnage du 22 juillet, se soit procuré des armes légalement dans son pays a néanmoins alerté les autorités de la région.

Le directeur de la police norvégienne, Oeystein Maeland, s'est dit favorable à un durcissement des règles en ce qui concerne les armes semi-automatiques, comme celle utilisée par l'extrémiste. Dans ce pays, elles sont autorisées pour la chasse et le tir, ce qui n'est pas le cas en Suède.

Instauré avant le drame pour revoir la loi norvégienne, un comité rendra ses propositions d'ici le 1er décembre.

Au Danemark, l'opposition de centre-gauche, qui part légèrement favorite avant les élections législatives de cet automne, veut interdire aux réservistes de garder leurs armes à la maison.

La Suède étudie, elle, le moyen de mieux coordonner la lutte contre la contrebande d'armes illégales, a précisé à l'AFP Ann-Sofie Bodin, experte au ministère de la Justice. La police a également reçu ordre de préciser les contours d'une amnistie pour ceux qui possèdent de telles armes.

En Islande aussi, le gouvernement étudiera dans les mois à venir si la loi est assez restrictive, selon le ministère de l'Intérieur.

«Il y a besoin d'une réglementation plus stricte sur comment les armes sont gardées chez les gens», a déclaré à l'AFP Geir Jon Thorisson, le chef de la police de Reykjavik. De plus, «il faudrait imposer un plafond au nombre d'armes que chacun peut posséder».