L'espoir auquel s'accrochaient certains proches des passagers du vol 447 d'Air France s'est évanoui, hier, alors que l'armée brésilienne a retrouvé des débris de l'Airbus flottant à la surface de l'Atlantique. À l'aéroport Pierre-Elliott-Trudeau, la tragédie ne semblait pas inquiéter les voyageurs qui s'apprêtaient à prendre l'avion. Ils ressentaient avant tout de la tristesse pour les familles des victimes.

L'armée de l'air brésilienne a retrouvé hier des débris d'avion répartis sur une distance de cinq kilomètres au milieu de l'océan Atlantique, dans la zone où aurait disparu l'Airbus A330 d'Air France parti dimanche de Rio de Janeiro.

 

Le ministre de la Défense du Brésil, Nelson Jobim, a affirmé, lors d'une conférence de presse tenue en après-midi, que les débris provenaient «sans aucun doute» de l'appareil recherché.

Un porte-parole de l'armée, Jorge Amaral, avait précisé, plus tôt dans la journée, qu'un siège d'avion, une bouée, un récipient et des traces de carburant avaient été identifiés en matinée par un des appareils participant aux efforts de recherche.

Le porte-parole avait souligné, quelques heures avant l'intervention du ministre, qu'il ne serait pas possible de confirmer qu'il s'agissait bien de composantes de l'appareil disparu avant qu'une pièce avec un numéro d'identification ne soit retrouvée.

La position des débris, à 650 kilomètres au nord-est de l'île de Fernando de Norohna, pourrait signifier que l'appareil a tenté de changer de cap avant de disparaître.

Une demi-douzaine de pays ont fourni des appareils pour soutenir les recherches, appuyées notamment par les États-Unis.

Le président américain, Barack Obama, a assuré, dans une entrevue accordée à la télévision française, que son pays fournirait «toute l'aide nécessaire» pour trouver ce qui s'est passé.

«Chaque fois qu'il y a une catastrophe aérienne, nous sommes tous très préoccupés», a indiqué le dirigeant américain, attendu samedi en France pour marquer le 65e anniversaire du débarquement de Normandie.

Le gouvernement français avait annoncé qu'il demanderait de bénéficier des capacités satellitaires du Pentagone.

Spéculations

En marge des recherches, les spéculations allaient bon train sur les causes possibles de l'accident.

Lundi, un porte-parole d'Air France avait déclaré que l'appareil avait «vraisemblablement» été foudroyé dans une zone orageuse, subissant une panne de système électrique. L'hypothèse a cependant été mise en doute par plusieurs spécialistes qui insistent sur le fait que les avions sont conçus pour résister à la foudre.

Le ministre français responsable des Transports, Jean-Louis Borloo, a déclaré que les experts du Bureau d'enquêtes et d'analyses pour la sécurité de l'avion civile ne croyaient pas qu'un simple foudroiement, «quelque chose de relativement classique en aéronautique, aurait pu créer la perte de l'appareil».

«Il faut vraiment qu'il y ait eu une succession d'événements extraordinaires pour pouvoir expliquer ou tenter d'expliquer cette situation», a souligné le ministre, en précisant que la découverte des boîtes noires de l'appareil était une «priorité absolue».

Bien que M. Borloo ait déclaré lundi que la piste terroriste était écartée, le ministre de la Défense, Hervé Morin, a indiqué hier qu'il était prématuré de tirer des conclusions à ce sujet. «On n'a pas le droit d'exclure par définition l'acte terroriste puisque le terrorisme, c'est la menace principale pour l'ensemble des démocraties occidentales», a-t-il déclaré, en prenant soin de préciser qu'aucun élément ne venait étayer cette hypothèse pour l'instant.

Le quotidien Le Parisien a indiqué que la direction antiterroriste de la police judiciaire avait été chargée de passer au peigne fin la liste des passagers pour identifier de possibles suspects. «Notre seule certitude, c'est qu'il n'y a pas eu d'appel de détresse envoyé par l'avion, mais des alertes automatiques régulières pendant trois minutes, indiquant la mise hors service de tous les systèmes», a résumé le premier ministre français, François Fillon.