La Corée du Sud a mené mercredi le plus important exercice de défense civile depuis des décennies, dans un contexte de fortes tensions sur la péninsule alimentées par des craintes sur le programme nucléaire nord-coréen et après les bombardements de novembre.

Les sirènes ont retenti à 14h locales (00h00 heure de Montréal) dans tout le pays, pour le début d'un exercice de 15 minutes appelant les Sud-Coréens à se rendre dans les quelque 25 000 abris publics.

Une douzaine d'avions de combat sud-coréens ont décollé, simulant une attaque nord-coréenne, l'un d'eux a survolé Séoul et ses 10 millions d'habitans.

Les rues de la capitale se sont rapidement vidées et la circulation sur les principales artères s'est interrompue.

Des exercices impliquant pompiers et soldats ont été menés dans sept stations de métro et un autre simulant une attaque chimique s'est tenu dans la ville frontalière de Paju.

Les cours dans les écoles ont été suspendus. Professeurs et élèves se sont rendus dans les abris, où le maniement des masques à gaz leur était enseigné.

Selon l'agence de gestion des secours d'urgence (Nema), il s'agit du plus grand exercice de défense civile depuis une loi adoptée en 1975.

Mais malgré le contexte de fortes tensions et de vive inquiétude face à l'attitude belliqueuse de Pyongyang, illustrée par les tirs d'artillerie du 23 novembre contre l'île sud-coréenne de Yeonpyeong, certains habitants de Séoul avaient du mal à prendre l'exercice au sérieux.

«Les gens se soucient peu de ce genre d'exercices car nous avons l'impression que les Nord-Coréens ne viseront jamais Séoul», témoigne Choi Duk-Soo, un homme d'affaires.

Selon Nema, cet exercice visait «à faire face à une situation réelle, telle que le bombardement de l'île de Yeonpyeong par l'artillerie nord-coréenne».

«L'inquiétude de la population face aux provocations de la Corée du Nord est croissante», a ajouté l'agence dans un communiqué, citant les menaces militaires permanentes, les tensions en mer Jaune près de la zone frontalière disputée et la possibilité d'un troisième essai nucléaire nord-coréen.

La Corée du Sud est encore techniquement en guerre avec le Nord en l'absence de traité de paix après l'armistice ayant mis un terme à la guerre de Corée (1950-53).

Elle mène régulièrement des exercices de défense civile qui sont cependant habituellement largement ignorés du public.

La tension est vive dans la région depuis le bombardement nord-coréen du 23 novembre, qui a fait quatre morts et 18 blessés et provoqué un tollé international.

Il était intervenu peu après la révélation d'un programme d'enrichissement d'uranium mené par Pyongyang.

Mardi, le porte-parole du département d'État américain a estimé que la Corée du Nord disposait d'au moins un autre site d'enrichissement d'uranium que celui dévoilé en novembre à un scientifique américain.

«Ce qu'ils ont vu n'est pas tombé du ciel, cela reflète certainement le travail accompli dans au moins un autre site», a déclaré Philip Crowley.

Mercredi, un grand quotidien sud-coréen, le Chosun Ilbo, affirmait, citant des sources au sein des services de renseignements, que la Corée du Nord creusait un tunnel de plus de 500 mètres de profondeur sur son site d'essai nucléaire, en préparation sans doute d'un nouvel essai, après ceux d'octobre 2006 et mai 2009.

Alors que l'activité diplomatique se poursuit dans la région, avec notamment une visite du secrétaire d'État-adjoint James Steinberg à Pékin, l'ambassadrice américaine à Séoul, Kathleen Stephens, a espéré que «la Chine oeuvre avec nous pour envoyer un message clair et sans ambiguïté à la Corée du Nord selon lequel elle doit faire preuve de sérieux et mettre fin à ses actes de provocation».