Le président péruvien Ollanta Humala a qualifié mardi d'«abus» et de «mise en danger» de la vie du président bolivien, le refus la semaine dernière de quatre pays européens de laisser l'avion du président bolivien survoler leur territoires.

«Cela a créé un très mauvais précédent», a déclaré M. Humala dans une entrevue à la radio et la télévision péruvienne RPP.

«C'est un abus de la part de ces gouvernements qui ont mis en danger la vie (du président Evo Morales)», a-t-il dit, sans toutefois nommer les pays concernés.

M. Humala est président pro tempore de l'Union des nations sud-américaines (Unasur regroupant 12 pays) qui a exigé excuses et explications sur les incidents qui ont émaillé le retour de M. Morales de Russie.

L'avion de M. Morales a dû faire une escale forcée en Autriche mardi, après que plusieurs pays européens lui eurent refusé le survol de leur espace aérien, soupçonnant la présence à bord de l'ancien consultant pour le renseignement américain, Edward Snowden, recherché pour espionnage par les États-Unis.

«Je me suis solidarisé avec lui ce jour-là. Je l'ai joint au téléphone en Autriche», a précisé M. Humala.

Dans l'entrevue, le président péruvien s'est également insurgé contre certaines pratiques d'espionnage des États-Unis à l'encontre de pays d'Amérique latine, comme l'a révélé récemment le quotidien brésilien O Globo.

«Nous sommes contre tout espionnage», a assuré M. Humala, estimant que la «vie privée doit être respectée».

Pour sa part, l'ex-ministre des Affaires étrangères José García Belaunde, qui représente actuellement le gouvernement péruvien devant la Cour internationale de Justice (CIJ) dans le cadre du différend maritime opposant le Chili et le Pérou, a qualifié l'attitude des pays européens dans l'incident concernant le président Morales de «stupide, arrogante, et discriminatoire».

«C'est parce que nous sommes "sudacas" (du Sud) comme on nous décrit de manière péjorative», a-t-il expliqué.

«Les pays européens en question ne fermeraient pas leur espace aérien à un leader arabe qui leur vend du pétrole; ils devraient présenter des excuses et couper la tête des fonctionnaires qui ont pris ces décisions», a indiqué le diplomate dans la presse péruvienne.