Le Conseil de sécurité de l'ONU a approuvé mardi l'envoi de 3 500 Casques bleus supplémentaires en Haïti, des renforts rendus nécessaires par la nécessité de protéger les couloirs humanitaires et la sécurité des convois d'aide.

Les renforts vont porter à plus de 12 500 le nombre de troupes de la Mission de paix de l'ONU (MINUSTAH), stationnée dans l'île depuis 2004 et qui dispose en plus de quelque 2 000 personnels civils.

Rendant compte de sa visite-éclair dans l'île frappée par un violent séisme mardi dernier, le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon avait recommandé lundi au Conseil une augmentation substantielle des moyens humains.

Dans la résolution adoptée à l'unanimité, les quinze membres du Conseil approuvent la recommandation du secrétaire général, et décident «que la MINUSTAH comprendra une composante militaire comptant jusqu'à 8 940 militaires, tous grades confondus, et une composante de police comptant jusqu'à 3 711 policiers».

«Conscient que la situation est grave et qu'il est urgent d'agir», le Conseil décide en outre «de maintenir à l'examen, selon le besoin, le niveau des effectifs des contingents et des forces de police» et de «rester saisi de la question».

L'ambassadeur de Chine à l'ONU, Zhang Yesui, qui préside en janvier le Conseil de sécurité, a déclaré que ces renforts seraient déployés pour une période de six mois.

«La tâche principale est d'escorter les convois humanitaires qui distribuent l'eau et l'aide alimentaire, pour qu'elle arrive le plus vite possible, et d'assurer la sécurité aux points d'arrivée», a déclaré aux journalistes Gérard Araud, représentant permanent de la France à l'ONU.

«Nous devons être présents aux points de distribution, pour nous assurer que les choses se passent bien», a-t-il ajouté. Le diplomate a admis que des pillages se produisaient, mais a souligné que le phénomène n'était pas «à grande échelle, ni dans tout le pays.»

«Les pillages existaient dans le pays même avant le tremblement de terre», a-t-il souligné.

Dans une video-conférence depuis Port-au-Prince, le porte-parole de la Minustah, David Wimhurst, a qualifié d'«exagérées» les informations faisant état de larges pillages et de chaos régnant à Port-au-Prince.

Edmond Mulet, chef par interim de la Mission des Nations Unies, a également estimé que les incidents n'étaient pas plus nombreux qu'à l'ordinaire et que «la sécurité était sous contrôle».

M. Mulet a d'autre part indiqué qu'un accord avait été conclu avec les Etats-Unis et le Canada aux termes duquel l'ONU demeurait chargée de coordonner la distribution de l'assistance et que les forces des deux pays protégeraient les convois d'aide.

Les forces américaines opéreront essentiellement dans le secteur de Port-au-Prince tandis que les Canadiens se déploieront dans le sud d'Haïti, y compris dans la ville de Jacmel.

Interrogé sur le nombre de morts causés par le séisme, M. Mulet a répondu: «je ne pense pas que nous le connaîtrons jamais».

Il a relevé que des milliers de cadavres ont déjà été enfouis dans des fosses communes et que nombre d'autres étaient toujours ensevelis dans les ruines de Port-au-Prince et d'autres villes haïtiennes.

Le directeur des opérations de maintien de la paix de l'ONU, Alain Le Roy, avait détaillé lundi les principales tâches des renforts. «Les policiers envoyés en renfort vont escorter les convois humanitaires» et «les militaires vont assurer la sécurité des couloirs humanitaires», avait-il dit.