Les soldats de la base militaire de Valcartier vont se déployer dans la région au sud-ouest de Port-au-Prince, où était situé l'épicentre du séisme qui a dévasté Haïti la semaine dernière.

Le chef d'état-major de la Défense, le général Walt Natynczyk, a affirmé lundi que les troupes canadiennes se rendront entre Léogâne et Jacmel à la demande des Nations unies et du gouvernement haïtien.

L'envoi d'environ 800 soldats de la base militaire de Valcartier fera passer le contingent canadien à près de 2000 personnes en sol haïtien.

Les soldats québécois auront la capacité de déblayer les rues des débris, d'ouvrir un hôpital de campagne et d'évaluer les besoins humanitaires, en plus d'assurer la sécurité du secteur qui leur est confié.

Ils prendront le relais de la centaine de soldats de l'Equipe d'intervention en cas de catastrophe (DART), envoyés dans les jours suivant le tremblement de terre, qui a secoué Haïti mardi dernier.

Lors d'une conférence de presse, M. Natynczyk a affirmé que la priorité de la mission canadienne est l'aide humanitaire. Mais les soldats pourraient être appelés à se défendre ou à défendre les représentants de l'ONU ou les policiers locaux.

Les militaires auront des règles à respecter avant de recourir à la force ou aux armes, et les conditions d'engagement seront plus contraignantes que celles s'appliquant au contingent de 2800 soldats canadiens actuellement en Afghanistan.

«Le focus est vraiment celui d'une mission humanitaire, a dit M. Natynczyk. On a beaucoup plus de limites (aux conditions d'engagement) comparativement aux autres missions, comme en Afghanistan.»

Les soldats de Valcartier, qui partiront graduellement, seront envoyés pour un à deux mois mais la durée exacte du déploiement canadien reste à déterminer, a indiqué le chef d'état-major.

«Ca dépendra des besoins là-bas, mais c'est avec l'approbation du gouvernement du Canada, a-t-il dit. C'est la première phase de déploiement et on a besoin de beaucoup de flexibilité.»

De l'équipement ainsi qu'une centaine de véhicules seront acheminés par voies maritime ou terrestre au cours des prochains jours. Quant aux soldats, ils s'envoleront de la base militaire de Trenton, en Ontario, à bord des vols militaires quotidiens mis en place la semaine dernière entre le Canada et Haïti. Des départs de Québec sont aussi envisagés.

En fin de semaine, le brigadier-général Guy Laroche est parti pour Port-au-Prince pour évaluer les besoins et coordonner l'arrivée du contingent canadien, dont il aura le commandement.

«Il a envoyé les renseignements recueillis aux commandants ici à Valcartier afin de planifier le pont aérien et l'horaire pour toutes les ressources, les troupes et les équipements», a dit M. Natynczyk.

Les 800 militaires de Valcartier s'ajouteront aux 124 soldats du DART déjà sur place et aux 500 autres qui arriveront mardi à bord de deux navires de la marine, les NCSM Athabaskan et Halifax, qui avaient quitté le pays la semaine dernière.

Le Canada disposera à Haïti de son deuxième plus important contingent à l'étranger, derrière celui de l'Afghanistan.

Le ministre de la Défense, Peter MacKay, était à Valcartier lundi afin de saluer et remercier les militaires qui se sont portés volontaires pour la mission haïtienne, certains peu de temps après être rentrés d'Afghanistan.

«Les soldats d'ici sont très prêts pour ce travail, avec beaucoup d'éléments des militaires, avec les médecins, les ingénieurs et les soldats nécessaires pour fournir toute la protection, la stabilité et la sécurité nécessaires à cette mission», a-t-il dit.

M. Natynczyk a affirmé que les Forces canadiennes ont la capacité de mener de front les missions afghane et haïtienne tout en assurant la sécurité des Jeux olympiques de Vancouver, le mois prochain, une opération qui mobilisera près de 5000 soldats.

«J'ai beaucoup de gens qui veulent participer à chacune de ces missions, a-t-il dit. Mon plus gros problème, c'est que tout le monde veut y aller.»

L'adjudant Christian Doucet a déclaré qu'il était rentré d'Afghanistan en octobre dernier mais qu'il s'est porté volontaire pour aller en Haïti pour une durée indéterminée.

M. Doucet est déjà allé en Haïti en 1997, lors d'une mission précédente, et il a affirmé que malgré les tensions provoquées par la lenteur de l'arrivée de l'aide internationale, il ne s'attend pas à ce que l'attitude des Haïtiens ait changé.

«C'est un peuple assez fort, qui croit en Dieu, alors ils vont se tourner vers Dieu, a-t-il dit. Ils vont nous accueillir à bras ouverts. C'est sûr qu'il y aura peut-être des contrôles à faire. Quand t'as faim, les besoins essentiels sont touchés alors nous aurons peut-être à contrôler la distribution.»

Selon M. Doucet, les soldats canadiens recevront les règles encadrant l'usage de la force avant de quitter le Canada.