Le résultat du référendum écossais est suivi de près en Europe par plusieurs mouvements indépendantistes qui entendent s'en inspirer pour faire avancer leurs propres revendications.

La crainte d'un effet domino n'est pas étrangère aux interventions récentes de dirigeants européens qui plaident pour l'unité du Royaume-Uni.

Le scrutin suscite un intérêt particulièrement marqué en Espagne, où les indépendantistes catalans croisent le fer avec le gouvernement central en vue de tenir une consultation similaire en novembre.

Madrid refuse de reconnaître la légalité d'un éventuel référendum et s'oppose vigoureusement à sa tenue. Le gouvernement catalan soutient de son côté qu'il ira de l'avant et doit faire adopter la semaine prochaine par le Parlement régional un projet de loi fixant le cadre juridique pour mener l'exercice.

Le résultat du vote écossais, s'il est positif, «va faire monter très haut le moral des indépendantistes», souligne Xavier Arbos, un constitutionnaliste basé en Catalogne.

Un vote inverse n'aurait pas, précise-t-il, d'impact négatif sur le mouvement puisque les indépendantistes retiendront alors surtout le caractère «démocratique» du référendum écossais en opposant l'attitude de Londres à celle du gouvernement espagnol.

Un analyste du centre de recherche Eurasia Group, Antonio Roldán Monés, estime que cette différence d'approche a déjà influé sur la mouvance indépendantiste catalane en radicalisant les nationalistes modérés, outrés de la posture «autoritariste» de Madrid.

M. Roldán Monés pense que le gouvernement espagnol risque fort à terme de bloquer toute demande d'adhésion d'une Écosse indépendante à l'Union européenne de manière à envoyer un message aux sécessionnistes catalans. Il sera en théorie en mesure de le faire parce qu'une telle demande requiert un vote unanime.

Le spécialiste note que d'autres pays confrontés à des mouvements séparatistes, comme la France et la Belgique, risquent fort d'adopter une ligne de conduite similaire.

«Ils ne vont pas dérouler le tapis rouge à l'Écosse pour envoyer le message que c'est facile», note le spécialiste de l'Eurasia Group.

Il pense qu'à terme, le scénario écossais pourrait avoir une influence sur les indépendantistes flamands, qui promeuvent un scénario de confédération menant à une décentralisation accrue des pouvoirs, plutôt qu'une sécession en bonne et due forme.

Faute d'obtenir gain de cause, ils pourraient décider d'y aller à leur tour avec un référendum préparant la voie à l'éclatement du pays, note M. Roldán Monés.

Le vote écossais pourrait aussi avoir un impact important en Grande-Bretagne même.

En plus d'alimenter les revendications autonomistes du pays de Galles, le départ des élus écossais, plutôt à gauche, aurait pour effet de pousser à droite le Parlement anglais. Et de faire le jeu des conservateurs qui préconisent la tenue d'un vote dans quelques années sur le maintien du pays dans l'Union européenne.

Après avoir lutté contre la sécession de l'Écosse, Londres se retrouverait paradoxalement à débattre de sa propre sécession de l'ensemble supra-étatique européen.

En Catalogne (Espagne)

Les indépendantistes catalans entendent tenir un référendum en novembre dans le but de faire de leur région un «État souverain». Ils se butent cependant à l'opposition du gouvernement de Mariano Rajoy, à Madrid, qui refuse catégoriquement la tenue d'un tel exercice. Un analyste d'Eurasia Group, Antonio Roldán Monés, pense que le conflit pourrait à terme se résoudre par une réforme donnant plus de pouvoirs à la Catalogne de manière à éviter une crise d'envergure.



En Flandre (Belgique)

Les indépendantistes gagnent du terrain depuis des années en Flandre. La Nouvelle Alliance flamande (N-VA), parti du controversé Bart De Wever, a remporté le tiers des voix dans la région néerlandophone du nord du pays lors des dernières élections législatives et est en position de devenir un acteur de première importance au sein du gouvernement central. La formation, plutôt que d'appeler ouvertement à un référendum sur l'indépendance, préconise pour l'heure une confédération entraînant une large dévolution de pouvoirs aux régions.



En Corse (France)

Les nationalistes corses se réjouissent de la tenue d'un référendum en Écosse et appellent le gouvernement français, sans vraiment y croire, à autoriser un exercice similaire. Un dirigeant du parti indépendantiste Corsica libera cité par Le Figaro affirme que la consultation écossaise marque la fin des «grands États-nations» créés sur le dos de «petites nations sans État». Le Parti socialiste français, au pouvoir, estime qu'il serait «dangereux» que les régions qui se sentent «un peu fortes se mettent à quitter les États nationaux».



Au Pays de Galles (Royaume-Uni)

Bien que la dirigeante d'un parti nationaliste gallois ait prédit que le pays de Galles serait indépendant d'ici «une génération», la population semble pour l'heure peu inspirée par cette avenue. Un sondage récent de la BBC indique que 5% des Gallois veulent l'indépendance et que le pourcentage passerait à 7% en cas de victoire du camp du oui en Écosse. Le premier ministre Carwyn Jones plaide plutôt pour une autonomie accrue et réclame des changements constitutionnels susceptibles de corriger les «asymétries» de pouvoir existantes.